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Zineland par Antoine Soubrier

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Chers lectrices, chers lecteurs, ravi de vous retrouver après cette interruption intempestive. Si la plus grande beauté des photos c’est leur silence, on aura trop longtemps regretté celui des voix du Journal de la Photographie.
A Barbara donc, qui demandait depuis bien longtemps « Dis, quand reviendras-tu ?« , une équipe soudée et volontaire aura finir par répondre : mi-novembre 2013. Haut les coeurs donc, et meilleurs voeux à l’Oeil de la Photographie.

La rubrique Zineland s’emploie depuis ses débuts à présenter et décrypter le monde des zines, publications souvent confidentielles, semi-artisanales et spécialisées, à travers lesquelles se diffuse une part considérable de la photographie contemporaine.

Cette semaine et pour ce redémarrage, un objet pléonastique, un objet méta : le magazine Magazine.

Après 10 ans de gratuité, ce trimestriel est devenu payant. Aujourd’hui à son 13ème numéro, qui inaugure une nouvelle formule, il s’emploie à cristalliser le style de son époque : mode, médias, arts, mais aussi stratégies de marque et d’image, Magazine fait travailler plumes débutantes et confirmées et photographes affirmés (Charles Fréger et Kerry Dean dans ce numéro 13, notamment) autour d’entretiens, analyses, séries de mode et de nature morte. Des brèves, chronique minutieuse des tressaillements de la creative class de la mode et des médias auxquelles l’agenda final fait écho, on passe à la présentation illustrée de 5 magazines internationaux, puis à des analyses sur les évolutions de la modes et de son industrie, alternées avec des séries de photo.

Simple dans sa maquette, regroupant les textes dans un corpus intérieur et laissant une place de choix aux images, le A4 de Magazine est un bon exemple de publication au ton et à l’esthétique claire, équilibré entre analyses creusées et captation plus légère, voire drôle (oui, drôle) de cet air du temps industrialisé qu’est le style.

Avec son titre utilitaire, Magazine résume aussi un questionnement qui traversait les publications précédentes de Zineland, celui du statut de l’image et plus généralement de la publication à l’heure du numérique. A sa façon, la revue se rappelle à la source et « s’ancre » dans une histoire des objets et des usages. Une fois l’ère numérique ouverte et jusqu’à un temps récent, le choix du papier pour une nouvelle publication est passé pour une désuète excentricité, au pire pour de la ringardise ; elle s’est vite muée en profession de foi esthétique, puis en signe distinctif, en accessoire arty autour duquel se structurent de micro-communautés de lecteurs. Comme à d’autres époques pré-digital, on crée aujourd’hui un magazine comme on lançait un groupe de rock, pour réunir ses proches, se faire remarquer, séduire des filles, des garçons et des clients. Paris Photo, qui accordera cette année encore une place primordiale au livre de photo, ne se trompe pas non plus sur le pouvoir fédérateur des objets simples.

Magazine
114 pages
5 euros.

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