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Visa pour l’image : longue vie au reportage

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Le festival de photojournalisme de Perpignan propose une fois encore un tour du monde, un état des lieux de la planète loin des clichés qu’impose parfois l’urgence de documenter. 

En introduction de son exposition à l’hôtel Pams de Perpignan, intitulée Tumulte et solitude en Afrique, Marco Longari écrit : « Une image d’actualité est un sujet à part entière ; l’urgence dans laquelle nous travaillons nous oblige à concentrer l’information plutôt que de la diluer dans de multiples images. […] L’information telle qu’elle est présentée au public est riche de sens : le pouvoir évocateur d’une image peut permettre à un observateur novice de comprendre, ou bien il crée une barrière de plus, une énigme supplémentaire pour des spectateurs lointains, distraits, détachés. »

Photographe en chef Afrique pour l’AFP, Marco Longari refuse de parler d’une Afrique, noyée dans les crises politiques. Il place sa responsabilité de photographe dans la nuance, avec l’espoir que le public saura la discerner pour construire son image du monde. S’il en parle pour l’Afrique, Visa pour l’image incarne cette exigence au sens large, particulière dans cette édition 2017.

Rares sont les photographes exposés qui n’ont pas travaillé plusieurs années dans un pays ou une région qu’ils décortiquent sous tous ses aspects – violents, éphémères, anodins. Au couvent des Minimes, sous le titre Le Venezuela au bord du gouffre, Meridith Kohut dissèque le fracas du pays depuis les supermarchés vidés qui ont couvert les pages des journaux jusqu’aux hôpitaux psychiatriques – un espace invisible qui pourtant crie ce que le reste de la population retient tant bien que mal : « Je ne suis pas folle, j’ai faim », rugit une patiente.

Au même étage, une exposition revient sur le travail de Laurent Van der Stockt, qui a suivi sans discontinuer la bataille de Mossoul, en Irak – les fronts repris uns à uns à l’Etat Islamique au prix de nombreuses pertes et refugiés. Les combattants ne sont pas anonymes, on connait leurs noms, on les revoit à quelques mois d’écart, on a le cœur serré en lisant qu’ils sont morts et qu’on ne suivra plus l’avancée de la bataille à travers eux. Et quand apparait l’image des civils applaudissant leurs libérateurs, on partage leur émotion.

Un peu plus loin, il en va de même pour l’exposition de Rafael Yaghobzadeh, Ukraine : d’une guerre à l’autre, qui multiplie les points de vue et les scènes depuis 2014 pour rendre compte du conflit dans sa complexité quotidienne. Le temps passé à documenter un lieu permet d’en raconter une histoire à facettes. C’est ce qui ressort de Visa cette année, dans une diversité de géographies et de sujets.

Et si les expositions ne suffisaient pas à le prouver, Visa pour l’Image est l’occasion pour douze autres photographes d’annoncer la création d’une structure collective appelée MAPS, qui défend notamment la persévérance et la transparence. Ses membres ? Alessandro Penso, Cédric Gerbehaye, Christian Lutz, Dominic Nahr, Gaël Turine, Hannah Reyes Morales, John Trotter, John Vink, Justyna Mielnikiewicz, Massimo Berruti, Matthieu Gafsou et Simona Ghizzoni, qui annoncent des projets collectifs et pluridisciplinaires. Une promesse de plus au service d’une information qui prend le temps.

 

Laurence Cornet

Laurence Cornet est une journaliste et commissaire d’expositions globe-trotter.

 

 

Festival Visa pour l’Image
Couvent des Minimes
12 Rue Louis Bausil
66000 Perpignan
France

http://www.visapourlimage.com/

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