En 2012, Chris Laffaille écrit sur le déjeuner traditionnel de Paris Match pendant le festival.
La rédaction de Paris Match organise chaque année un déjeuner sur une plage près de Perpignan. Roger Thérond, le directeur de Paris-Match y recevait ses amis et ses collaborateurs.
Depuis sa disparition en 2001, ce lieu est devenu un lieu de pélerinage pour rendre hommage et saluer celui qui connaissait le mieux, « l’esprit match ».
Et honorer l’homme qui pendant un demi-siècle a porté le photojournalisme français à son sommet.
Tout le monde aime « la plage de Match ».
C’est un passage obligé pour les « gens de la photo » accourus chaque année à Perpignan pour Visa pour l’Image.
Il est vrai qu’au fil des ans, ce rendez-vous un peu intime et familial dans cet endroit solitaire et planqué de la côte du Roussillon est devenu un petit phénomène à lui même.
Pour certains, d’y être invité est une consécration, même si les cartons d’invitation n’existent pas… D’autres forcent un peu la porte, comme l’exige parfois notre métier.
Et c’est de bonne guerre. Car c’est finalement l’endroit – paraît-il – où il faut être.
La seule difficulté, c’est d’y arriver…
Mais l’esprit de ce formidable rendez-vous annuel en ce coin hors du temps est avant tout de rassembler en une après-midi la rédaction de Match avec leurs amis et acteurs importants de ce métier présents à Perpignan.
Ceux derrière les objectifs bien sûr, mais aussi ceux derrière les bureaux.
C’est un lieu de détente professionnelle ou l’on oublie tout, et où l’on se retrouve un brin contemplatifs sur cette plage magique et isolée sur fond (bleu) de Méditerranée.
Ce qui est surtout fabuleux, c’est que l’ambiance unique qui se dégage de ce cabanon improbable n’est autre que l’expression de cette formidable fraternité et camaraderie si particulière qui existe chez les gens qui font notre métier.
On peut être à couteaux tirés sur le terrain, ou même dans les rédactions, mais on ne tire jamais à boulets rouges sur un camarade, et on ne le laisse pas tomber. Ça ne se fait pas. C’est inné à notre métier.
Au contraire, on aime se retrouver, dialoguer, se féliciter, s’encourager car de l’amitié il y en a revendre…
Au début, « Le Chiringuito » – c’est le nom précis du restaurant de la plage de Torreilles – était le point d’ancrage de la grande famille « Match », comme l’entendait son directeur et créateur de Visa, Roger Thérond.
Loin de Paris, des pressions de l’actualité et du bouclage d’un journal finalement si difficile à faire, Roger aimait retrouver « ses boys » tel un commandant de Marines avant l’assaut. Une sorte de communion avec ses troupes pour se donner du courage.
Roger insistait aussi pour que les cadres de la rédaction et journalistes y côtoient les gens de l’administration et de la pub qu’il faisait venir tous les ans. Ils se battaient autant que nous pour le journal, disait-il, mais étaient plus discrets.
Chaque année, « le patron » était accompagné de son épouse et de ses trois filles, comme par respect et amitié envers ces hommes et ces femmes dévoués et disponibles qui l’entouraient au journal. Ce repas un peu solennel réunissait tout ce monde au milieu de ce paysage sauvage de dunes baigné de cette lumière unique d’automne reflétée par la mer.
Roger y trouvait sérénité, et tranquillité, et s’y sentait bien.
Cette plage réunissait tout ce qu’il aimait le plus au monde: sa famille, sa région, son métier et la Méditerranée qu’il vénérait, et dont il avait collectionné les premières photos du 19ème siècle.
Chris Laffaille, est un des anciens directeurs des informations de Paris Match, c’est lui qui avait trouvé le restaurant où se tient chaque année la fête du magazine.