À Saint-Pétersbourg, le centre Rosphoto héberge une exposition consacrée à des photographies aériennes et d’architecture datées des années 1920 à 1935, et tirées de la collection du KGIOP (comité national de conservation des monuments historiques et culturels).
La révolution russe de 1917 est l’un des événements fondateurs de l’histoire moderne. Son impact considérable a touché le développement de nombreux pays à travers le monde et en particulier les états européens. Elle a entraîné l’effondrement de l’Empire russe, mais également celui de trois autres grandes puissances : le Reich allemand, l’Autriche-Hongrie, et l’Empire ottoman. Son influence s’est fait sentir dans tous les domaines de la vie publique – économie, politique et culture. L’un des aspects les plus important de cette influence est le changement d’attitude envers le patrimoine culturel et historique. Pendant cette période, le pouvoir est saisi par des personnes dont les échelles de valeurs sont différentes. Inévitablement, le passé se voit réétudié. Il fait l’objet de critiques radicales et d’une révision, accompagnées d’une approche particulièrement sélective envers l’histoire et la culture des époques précédentes. Des objets et événements considérés jusque-là comme importants sont examinés d’un nouvel œil et déclarés insignifiants ou au contraire délétères. Le patrimoine commence à ployer sous le fardeau de l’idéologie et à servir des objectifs différents : la glorification ou la discréditation de divers phénomènes, œuvres d’art ou personnages. Le patrimoine culturel et historique prérévolutionnaire est en grande partie détruit. En parallèle, la révolution génère la strate culturelle suivante, avec des œuvres d’art, des monuments, des ensembles architecturaux et les tendances de la nouvelle ère.
Après le triomphe de la révolution de 1917, un nouveau chapitre s’ouvre dans l’histoire de Saint-Pétersbourg, une ville qui, comme le disait Dmitri Serguéievitch Likhatchov, « a défini plus qu’aucune autre le visage du xxe siècle ». En juin 1919, un comité responsable de la planification urbaine de Petrograd est formé, avec un service consacré à l’architecture et placé sous la supervision d’Ivan Fomine, l’un des architectes les plus éminents de l’époque. La tâche des urbanistes consiste à éliminer le contraste entre le centre-ville et la banlieue ouvrière, fossé remontant au xixe siècle. En 1924-1925, sous l’impulsion d’un plan unifié et élaboré, démarre l’urbanisation de zones jusque là négligées et tombées en désolation. Partout émergent barres d’immeubles, bâtiments voués à la culture, à l’éducation et à l’administration, le tout ponctué de centres de médecine préventive, cuisines d’usine, écoles, institutions médicales et complexes sportifs. Des travaux d’aménagement de grande envergure sont menés au cœur de la ville : nombre de rues sont réalignées et modernisées, de nouvelles places sont créées, ainsi que des immeubles, des boulevards, des jardins publics et des quais de granit. Toutes les initiatives ne peuvent pourtant pas être considérées comme positives. De nombreux sites emblématiques ont été détruits, et surtout des édifices religieux. Il ne fait cependant aucun doute que la révolution de 1917 a contribué à façonner l’identité architecturale actuelle de Saint-Pétersbourg.
L’objectif de cette exposition n’est pas de détailler les événements de la révolution mais plutôt de représenter leur impact sur le futur de la ville. En regardant ces photos, qui sont datées des années 1920 à 1935 et tirées de la collection du KGIOP (comité national de conservation des monuments historiques et culturels), on peut clairement imaginer le début de la transformation et retrouver le caractère à la fois tragique et glorieux de ces années dans l’image actuelle de la ville, qui porte leur trace à jamais gravée dans son âme.
Revolution and Heritage / Heritage of Revolution
Jusqu’au 12 décembre 2017
ROSPHOTO
Bolshaya Morskaya Ulitsa, 35
Saint-Pétersbourg 190000
Russie