made in Hollywood par Jean-Paul Gavard-Perret
Spécialiste du portrait, la photographe britannique Vicky Martin secoue la vision par des effets de véhémence déplacée mais jamais exagérée. Ses nouvelles « expectations » s’amusent à jouer avec les stéréotypes hollywoodiens classiques de la féminité.
Avec « Hollywoodland », la photographe explore l’identité et les émotions qui sont créées par ses scénarii « made in USA ». L’humour est toujours présent et prouve comment les stéréotypes entrent en conflit avec ce que signifie être une femme.
L’objectif de l’artiste est toujours le même : transmettre des émotions et les combiner avec des sentiments contradictoires d’ambivalence et de défi. Ses personnages sont ici submergés (de moins feignent-ils de l’être) par la pression du cinéma pour se conformer à l’idéal féminin hollywoodien.
Mais, au delà, Vicky Martin illustre la poursuite d’un idéal de l’identité féminine. Dans cette série la créatrice ramène aux années 50 qui ont souvent conduit en réalité des femmes à ressentir des sentiments intenses de solitude et d’isolement.
A cette époque, elles ont été façonnées pour devenir « une image saccharine » de l’actrice créée pour se transformer en machines à fantasmes.
Jean-Paul Gavard-Perret
Hollywoodland
Cette série a été inspirée par mon éternelle fascination pour le cinéma classique hollywoodien et le rôle des femmes dans la société qui se propage à travers le grand écran. Hollywoodland est une série de portraits photographiques qui traduisent à la fois l’esthétique de l’époque et les questions plus profondes de genre qui ont commencé à faire surface, en particulier dans les années 1950 et 1960.
La protagoniste de la série imite l’idéal de la blonde hollywoodienne, rendue désirable par des personnalités comme Marilyn Monroe, Grace Kelly et Lana Turner, entre autres. Elle manipule son image naturelle pour se conformer aux perceptions masculines de la beauté, car après tout, « les hommes préfèrent les blondes ». Chaque photographie contient le clapet sur lequel est inscrit un titre de film tiré de l’âge d’or du cinéma, qui vise à ajouter simultanément du sens et de l’ambiguïté aux émotions transmises visuellement par la protagoniste, qui joue des rôles perçus comme nécessaires à la femme, mais d’une manière glamour et stylisée, inspirée des vies fictives des femmes vues à l’écran.
Pendant l’âge d’or d’Hollywood, les femmes ont été amenées à poursuivre des idéaux inatteignables de beauté, de féminité et de rôle domestique au sein de la société, ce qui a inévitablement conduit à des sentiments de confusion, d’infériorité (tant vis-à-vis des hommes que de leur beauté naturelle) et d’inassouvissement. Mon intention est d’exprimer la pression sociale écrasante pour se conformer à de tels idéaux, qui est glorifiée par le cinéma et ainsi intériorisée par la femme.
Vicky Martin
Vicky Martin est une photographe britannique réputée, issue du monde de l’art et du design. Elle est surtout connue pour ses portraits conceptuels décrivant le conflit entre les thèmes de la fantaisie et de la réalité, de la force et de la vulnérabilité, notamment en ce qui concerne l’expérience féminine.
Vicky entrelace ses personnages créés avec des réalités mises en scène, qui cherchent à transmettre la tension et les conflits que l’on trouve à l’intérieur de soi. Dans son travail, elle aime explorer, à travers des personnages féminins forts, des thèmes récurrents qui l’attirent, notamment : la conformité aux attentes stéréotypées, individuelles et sociétales de la féminité, la vulnérabilité et le doute de soi. Alors que toutes ses œuvres contribuent au cadre narratif développé dans ses séries, elles dépeignent également un élément d’ambiguïté que le spectateur est invité à interpréter par rapport à lui-même et à sa perception unique du monde.
Son travail a été largement publié et exposé au niveau national et international, de l’Europe aux États-Unis, dans le cadre d’expositions individuelles et collectives, et son travail continue d’être récompensé par de nombreux prix et nominations, notamment celui de photographe portraitiste de l’année 2020 aux Minimalist Photography Awards, et celui de finaliste aux Lensculture Art Photography Awards 2019, Lauréat de la catégorie professionnelle beauté et mode aux Chromatic Awards 2018, lauréat du numéro Colors du magazine All About Photo 2018, lauréat de l’image unique dans la catégorie professionnelle des beaux-arts aux 12e Julia Margaret Cameron Awards 2018 et lauréat de la série professionnelle des beaux-arts aux 2016 Fine Art Photography Awards.
