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Un nouveau magazine dans les kiosques

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La presse spécialisée photo qui ne traite pas uniquement ou en grande partie de technique, est plutôt rare dans le paysage français, à l’exception de quelques titres incontournables comme Images magazine, Photo ou encore De l’Air. L’arrivée d’un tout nouveau bimestriel consacré à la photographie contemporaine est donc bienvenue. C’est sous le nom simple mais efficace de « Photographe » que la revue est lancée en décembre dernier. Au tarif de 6,95€, ce titre publie exclusivement des portfolios de photographes contemporains internationaux, il offre donc un nouveau support d’expression pour les artistes.
La couverture ne reflète malheureusement pas le contenu du magazine. De prime abord, elle ne permet pas de savoir ce que le lecteur va trouver à l’intérieur, sur un thème aussi commun que « le nu ». Pourtant, sans jamais tomber dans le stéréotype de la photographie de nu, le choix des portfolios sélectionnés est particulièrement riche : il nous permet d’aborder le thème avec un véritable sens, bien au delà de l’esthétisme, aux travers d’artistes aux univers très différents.

Entretien avec Laetitia Guillemin, responsable de la coordination, de la rédaction et de la sélection des photographes.

Pouvez-vous nous parler de votre champs d’action au sein du magazine Photographe ?
J’avais une carte blanche pour le choix des portfolios. Je devais sélectionner les photos, interviewer les photographes, rédiger l’édito. J’ai également choisi l’ordre dans lequel je voulais les présenter. Et j’ai donné quelques directions sur la maquette, comme par exemple avoir des pleines pages et des images sur fond perdu et varier le rythme entre chaque portfolio.

Iconographe de métier, vous avez été en charge de sélectionner les 16 portfolios qui composeront le premier numéro de Photographe. Comment s’est déroulé le travail de sélection ? Avez-vous eu des directions à suivre, des contraintes ?
Concernant la sélection, la ligne directrice que j’ai envisagée était d’être le plus varié possible. Je ne voulais pas cloisonner les champs photographiques. Dans la mesure du possible, je souhaite montrer les travaux d’un photographe qui a une recherche plasticienne aux côtés d’un photographe qui aborde la photo d’un point de vue documentaire, et également d’un photographe qui travaille dans la mode. Au delà du thème du « Nu », j’avais envie de mettre en avant la façon dont les photographes posent leur regard sur le corps. Le Nu est un thème récurrent dans l’histoire de la photographie, et je pense qu’à l’heure actuelle, le nu s’envisage autrement.
Oui, j’avais quelques contraintes, notamment le thème et proposer des travaux accessibles à un large public qui n’est pas nécessairement dans le milieu de la photo.
Certains portfolios m’ont été imposés. La direction du groupe de presse devait valider mes choix. Le fait que je n’avais pas de budget pour les photographes, mettre le portrait du photographe et le matériel utilisé et le nombre de pages faisaient partie du cahier des charges.

Je n’ai pas eu la main sur la couverture et sur le produit dérivé qui accompagne la revue (ndlr : un calendrier).
Au delà des directives et des contraintes liées à la création d’une nouvelle revue, l’équipe m’a fait entièrement confiance, curieuse des propositions que je faisais et m’a laissé une grande latitude sur la ligne éditoriale du magazine.

Chaque numéro sera consacré à un thème particulier ? Pouvons-nous connaître le futur thème en préparation ?
Le prochain thème est le « désir ». De la même manière que pour le premier numéro, j’aborde ce thème de façon transversale. Le désir a des formes diverses, il est ambivalent. Il fait partie de la vie en général. Mais tant que le numéro n’est pas bouclé, les choses peuvent bouger…

A qui s’adresse ce magazine ?
Quand j’ai répondu à la demande du groupe de presse, l’une des premières questions que nous avons abordé était la cible. 
Ce magazine s’adresse à un large public qui ne connaît pas forcément la photo, mais un public qui s’intéresse au monde culturel. Je pense que le fait qu’il soit accompagné d’un objet dérivé est une manière d’aborder un autre type de public, au même titre que la couverture. 

Comment est accueilli ce nouveau support dans le monde de la photographie ?
C’est difficile à dire, je n’ai pas eu beaucoup de retours pour le moment. Les remarques ont été constructives. 
Notamment sur le fait que la couverture ne correspond pas au contenu, qu’il n’y a pas de rubrique d’actualité, que sur certains portfolios, on a envie d’en voir plus, et pas assez de pleine page.  Pour ma part, je pense que ce nouveau magazine doit se construire et trouver sa forme. Il va encore se transformer pour laisser plus de place à la photo. Il y a des choses à améliorer.

L’absence de publicité, n’est-il pas un risque économique ? Le titre peut-il vivre uniquement de la vente ?
L’économie de ce groupe ne fonctionne visiblement pas sur la publicité. Je leur ai posé la question. Pour une partie de leurs titres, ils ne veulent pas mettre de publicité. Je pense que c’est d’autres publications qui leur permettent de lancer ce nouveau magazine, au même titre qu’il n’y a pas d’abonnement possible et pas d’opération de communication autour du numéro.
Si le titre peut vivre uniquement par la vente, j’avoue que je n’en ai aucune idée. Pour moi, c’est nouveau cette expérience et donc, je ne sais pas trop comment ce type d’économie fonctionne.

Rémunérez-vous les photographes ?
Malheureusement non !!! Cela fait partie des désaccords que j’ai avec les dirigeants. Le groupe considère que ce type de magazine est une manière de mettre en avant le travail des photographes et donc une façon de leur faire de la publicité. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec eux. Nous en avons longuement parlé et j’ai dit qu’il fallait très rapidement envisager de rémunérer les photographes quand on aura une visibilité sur les ventes.

Par ailleurs, pour les premiers numéros je comprends le fait qu’ils ont un budget limité d’autant qu’il n’y a pas de publicité, les photographes publiés font un travail comme tout le monde. Ils ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche, il me semble !!!

Je reste convaincue qu’on ne peut pas fonctionner de cette manière sur du long terme. Et je tiens à remercier les photographes qui ont accepté l’aventure de ce premier numéro.

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