Avec ses images, Annica Karlsson Rixon interroge le déplacement des migrants du Nord de la France et ce qu’ils ont comme perspective. Un travail à voir au musée des Beaux-arts de Rouen.
Elles sont tordues, abimées, recouvertes de feuilles d’arbres et de mousses, parfois presque rendues à la poussière…Des chaussures que l’artiste a photographié à Calais là où des migrants ont été chassés par la police. Objets oubliés dans la panique, ils sont restés au beau milieu de la nature et Annica Karlsson Rixon les a patiemment retrouvé et immortalisé. En soi, ces chaussures disent beaucoup de la migration : la longue route de l’exil, l’importance d’être chaussé comme il faut, la précarité de la situation des migrants, la chasse organisée par la police française.
Vikings
A cet ensemble de photographies de chaussures s’ajoutent, sur les murs latéraux de l’exposition, des vues de la Manche. L’artiste a fait ces paysages marins en retrouvant les sites où il y a eu déplacement de population, immigrations et débarquements. Ainsi, Annica Karlsson Rixon a photo- graphié la plage où a eu lieu le débarquement de 1944 ou encore les rives où sont arrivés les Vikings vers 841. Ce sont aussi les plages que foulent aujourd’hui les migrants du Nord de la France et leur premier horizon pour rejoindre l’Angleterre. Impossible de ne pas penser à ce qu’ils re- gardent, à cette entendue d’eau qui constitue pour eux un mur. Annica Karlsson Rixon nous le murmure à travers la beauté de ces paysages.
Jean-Baptiste Gauvin
Annica Karlsson Rixon, Lumières Nordiques
14 Septembre 2018 – 6 Janvier 2019
Musée des Beaux-Arts de Rouen
Esplanade Marcel Duchamp
76000 Rouen