Congo Nouveau, rêve de Lumumba ou réalité citoyenne?
Les derniers jours légitimes de Kabila
Le report des élections semble acquis et Kabila renforce encore sa posture de Président-dictateur.
Loin du rêve de Lumumba, est-ce pour autant sa fin?
Au Congo, plus grand et plus riche pays d’Afrique subsaharienne, se joue l’avenir de l’Afrique. A l’heure des réseaux sociaux, les mouvements citoyens apolitiques se renforcent et se répondent, du ‘Balai citoyen’ au Burkina Faso à ‘La Lucha’ en RD Congo en passant par ‘Y en a marre’ au Sénégal et ‘Ça suffit comme ça’ au Gabon : tous luttent pour une société plus juste. La lutte semble inégale mais la mobilisation se renforce. Cinq années déjà que La Lucha milite.
“Ni otages du passé. Ni esclaves du présent. Ni mendiants de notre avenir!”
28 septembre 2016, je rencontre Fred Bauma, à peine sorti de la prison de Makala (Kinshasa) après 18 mois de détention. Fred est à Bruxelles pour témoigner avant de s’envoler pour être reçu par le Congrès américain. Le 15 décembre, j’atterris à Goma le jour où le Congo ferme ses corridors aériens et refuse le débarquement d’un C130 belge, quatre jours avant les élections.
Les images nous plongent dans la réalité de ceux qui vivent et luttent pour l’avènement d’un Congo nouveau. Ce Congo rêvé par Patrice Lumumba, un Congo de Liberté, de Justice, de Paix, un Congo Prospère, un Congo véritablement Indépendant. Conscients de ce mal qui ronge l’Afrique, la corruption, La Lucha se structure dès ses débuts sans leader mais fortement organisée. Nous sommes au coeur de ce mouvement citoyen inspiré par Ghandi, non violent, non partisan, non hiérarchique, composé de jeunes de tous milieux, origines, religions, et qui partagent ce même désir de changement. La Lutte pour le changement. La Lucha.
Mais à quel prix… dans les salles d’interrogatoire de l’ANR (Agence Nationale de Renseignement) toujours les mêmes questions, toujours les mêmes réponses. “Nous sommes le changement que le Congo attend. Partout où la déraison a abondé, il convient que la raison surabonde.” Dans un pays où l’on meurt de soif au bord de l’eau, où l’on crève de misère dans une nature fertile et où l’on crie à la pauvreté à côté des montagnes d’or, de diamants ou de cuivre, quand l’injustice est la règle, la résistance devient une loi. ” (ext. Lucha, ext. M. Séguier).
Prison, coups et blessures, moqueries, extorsions… il y a un prix à payer pour cette lutte vitale. Le Congo changera par les Congolais, pas par ces autres dieux que sont l’ONU, les ONG, les puissances étrangères…
Thomas de Wouters
Thomas de Wouters est un photographe belge né en 1969. Ingénieur de formation, photographe autodidacte, il ne commence la photographie qu’à 40 ans. Le choix de l’argentique pour son travail, plus qu’un choix technique, définit sa relation au temps. Avec une pellicule limitée à 36 vues prendre le temps devient son allié, même dans l’instantané du reportage ou de la photo de rue. Son écriture photographique s’inscrit dans une recherche sociale autant qu’artistique.