Doug Dubois fait des photos que d’autres photographes ne peuvent que désirer faire.
Il y a vngt-cinq ans que l’exposition de Peter Galassi The Pleasures and Terrors of Domestic Comfort» a ouvert au Musée d’Art Moderne de New York. Voici un extrait du communiqué de 1991:
« M. Galassi suggère que les artistes ont commencé à photographier chez eux non pas parce que le lieu était important, dans le sens où les questions politiques sont importantes, mais parce qu’il était là – le seul endroit qui est plus facile d’accès que la rue. Après avoir travaillé pendant un certain temps, beaucoup ont également réalisé que cette occasion jusque là négligée était riche, pleine de mystères inexplorés. Dans les photographies de la famille de Doug DuBois, tels que «Ma soeur Lise, la veille de Noël (1984)», des moments que seul un proche peut remarquer sont rendus dans le registre intime que seul un initié pourrait posséder« .
Doug Dubois, l’initié. Cela le ferait probablement rire.
Les photographies de Doug Dubois sont en couleur et merveilleusement réfléchies. La rétrospective de mi-carrière « In Good Time » à Aperture est attendue depuis longtemps parce que Dubois est un artiste formidable et trop mal connu. Vous regardez ces images et peut-être que vous pensez « bien ». Non, ce sont des images intimes porteuses d’une vérité triste et lourde; elles apportent un point de vue sur la vie. Oui, les gens sont beaux, mais ils sont vrais: souvent fatigués, en sueur, meurtris, et même ensanglantés.
Ce travail parle de la terreur plus que du plaisir. Bien que les photos enregistrent des vies en apparence classiques– familles photogéniques de la bourgeoisie américaine, de la ville minière de sa grand’mère, Avella, en Pennsylvanie ou encore de sa tribu irlandaise de jeunes, quelque chose de cruel et sombre se dissimule juste en-dessous de la surface.
Cela pourra paraître exagéré, mais le sujet sous-jacent ressemble à la peur que la Carrie de Stephen King pourrait surgir de sa tombe et vous attraper.En fait, ce pourrait bien être le vrai sujet de ces photos. Les gens sont incertains, hésitants, effrayés. Psaume 54: 4: «Mon cœur est rempli d’angoisse, Et les terreurs de la mort sont tombées sur moi. »
L’artiste explique qu’une photographie intime est faite, non pas simplement captée. « En fin de compte, nous pouvons arriver à la conclusion que l’intimité ne peut pas être photographiée directement (comme nous la ressentons) parce que, tout simplement, l’appareil photo est toujours un obstacle. Il s’agit, peut-être, de comprendre l’intimité comme un espace imaginaire- une illusion qui exploite notre très réel désir d’une rencontre profonde et authentique avec l’autre. »(Entretien avec Alec Soth, Conscientious, 2007)
Il semble que Dubois fonctionne à partir d’un point d’isolement, une tension entre intimité et détachement, et il s’intéresse à notre sens de nos limites et de nos possibilités.
Il travaille sur de très longues périodes; sa série All the Days and Nights publiée sous forme de livre par Aperture en 2009 a pour sujet ses proches, et il lui a fallu plus de vingt ans pour la réaliser. Sa nouvelle série, My Last Day at Seventeen (Aperture 2016), a pour sujet le passage des enfants à l’âge adulte dans le quartier de Russell Heights, à Cobh, Irlande où une résidence d’un mois s’est transformée en un projet de cinq ans.
L’exposition In Good Time a été organisée avec soin par Cory Jacobs et elles est présentée par la Fondation Hermès et Aperture Foundation. Cette excellente rétrospective sera présentée à 547 W. 27th St., 4e étage jusqu’au 19 mai 2016. Allez-y !
EXPOSITION
In Good Time
Doug Dubois
Du 24 mars au 19 mai 2016
Aperture Foundation
547 West 27th Street, 4th Floor
New York, N.Y. 10001
Etats-Unis
Phone: 212.505.5555
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h et jusqu’à 20h le jeudi
http://aperture.org
