Artcurial : The Forbidden Sale, Pierre Molinier

Le 13 novembre prochain, le département Photographie proposera aux enchères une nouvelle collection majeure : la collection de près de 200 œuvres de Pierre Molinier, réunies par Emmanuelle Arsan qui fut une des muses de l’artiste. Elle regroupe photographies, dessins, clichés d’œuvres et lettres personnelles.

Pierre Molinier est plus qu’un peintre ou un photographe. Sa fiction, qui se nourrie des deux disciplines, en fait un artiste contemporain avant son temps. Ses tirages argentiques, qu’il découpe et assemble, qu’il retouche à l’encre et re-photographie, prolongent son univers pictural. Très vite, l’artiste comprend que le langage photographique, un miroir plus fidèle que son trait, sera le véhicule idéale pour confondre la réalité et opérer sa propre transformation en l’être idéal : l’androgyne, mi-homme, mi-femme : le Chaman.

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur Pierre Molinier et sa relation avec Emmanuelle Arsan / Marayat, (et son mari Louis-Jacques Rollet-Andriane). Si la certitude demeure que le roman Emmanuelle, et plusieurs lettres adressées au Chaman, ont été rédigées à quatre mains, le mystère sur une consumation physique entre Marayat et Pierre Molinier reste entier. Ne pouvant se fier aux dires de l’artiste, mythomane réputé, ni aux confessions d’Emmanuelle, qui dit avoir passé une nuit nue dans ses bras lors d’une visite à Bordeaux en 1967, les ultimes clefs du mystère se trouvent peut être parmi les lettres, photographies, dessins et objets prodigués par le peintre maudit à sa muse. Des indices : une annotation au crayon au dos d’une reproduction du dessin « Pour Hanel » dans le coffret rouge : « Nous l’avons fait… ».

Quoi qu’il en soit, les œuvres provenant de la collection d’Emmanuelle Arsan, offerts par l’artiste de son vivant, parfois dédicacés, signés, ou annotés de sa main, sont une preuve intangible de la passion que Pierre Molinier éprouvait pour Marayat, qu’il considérait comme son « Miroir ». Dans la vie, ils ont partagés la même vision du plaisir et de l’amour. Ils ont emporté leurs plus profonds secrets avec eux dans la mort.