Rechercher un article

Elizabeth Avedon : Mixtape

Preview

Pour faire honneur à Elizabeth Avedon, L’Œil de la Photographie réédite cet entretien publié une première fois le 22 août 2016 par Lenscratch, un quotidien qui explore la photographie contemporaine. Avec le projet Mixtape en toile de fond, il éclaire certains pans de sa vie étonnante et célèbre ses contributions à notre communauté. 

 

Parlez-nous de votre enfance et de ce qui vous a menée à la photographie.

J’ai eu une enfance un peu incroyable : j’ai grandi au Texas au moment où cet état rural, parsemé de fermes et de ranches, allait se transformer sous l’influence du boom pétrolier des années 1960 et du Space Center en pleine expansion. Avant cette métamorphose, ma sœur et mon frère aînés allaient à l’école à cheval. C’était une petite école en bois, peinte en rouge, comme dans les livres. Le week-end, on grimpait tous en selle, et en famille, on suivait une piste en terre battue interminable. Depuis, elle est devenue une autoroute majeure à dix voies, l’I-10 ! Mon père, New Yorkais déplacé et photographe amateur, avait malgré tout un tas d’amis photographes de chez LIFE Magazine. Ils venaient chez nous, au Texas, et ils utilisaient nos étables comme décor pour leurs histoires. J’ai figuré deux fois dans LIFE Magazine, quand j’étais enfant, et je me souviens que j’étais émerveillée par tout l’équipement photographique qui arrivait dans de grosses malles en métal noires. On en sortait une quantité phénoménale de projecteurs, de trépieds, d’appareils photos et d’objectifs.

Parmi vos projets, lequel vous inspire le plus de fierté ?

En plus des objets que je conçois, ce qui me passionne, c’est de construire les espaces éphémères autour des expositions. Créer des environnements temporaires voués à communiquer de façon juste et tangible ce que l’œuvre de l’artiste exprime, c’est un formidable défi – qui permet d’élever les tableaux vers un vécu authentique, immersif et multi-dimensionnel.

Que cherchez-vous lors d’une revue de portfolio ?

J’apprécie de nombreux styles et genres. Mais dans tous les travaux, je cherche la cohérence – dans le sujet, la vision du photographe ou l’apparence. Une vision ou une obsession à laquelle le photographe s’engage. J’essaie de voir au-delà des talents techniques des auteurs (à moins qu’ils ne soient vraiment atroces) pour voir la projection des images. Je cherche également quelque chose d’indéfinissable, qui évoque un mystère, ou un point dans le temps capturé dans le passé et qui suggère des possibilités encore inconnues pour l’avenir. En réalité, je sais ce que je cherche une fois que je l’ai trouvé.

Avez-vous des conseils pour des photographes qui apportent leur portfolio à une revue ?

Simplifiez, épurez. Entraînez-vous, pratiquez.

Je ne leur apprendrai rien en disant « préparez-vous ». Apportez un projet complet, d’environ douze à quinze images, maximum vingt. Soyez prêt à en parler, mais sachez que la rencontre ne durera probablement que quinze minutes – prévoyez cinq minutes pour expliquer votre travail, et dix minutes pour que le critique vous donne son sentiment. Si c’est vous qui parlez tout le temps, qu’aurez-vous obtenu ? Vous repartirez avec ce que vous avez apporté et rien de nouveau. Avant de rencontrer les critiques, renseignez-vous sur eux. Et sachez qu’ils ne seront pas tous sensibles à votre travail. Écoutez-les tous, prenez ce que vous trouverez utile, et passez sur le reste.

Par ailleurs, ne critiquez surtout pas votre propre travail ! Il ne faut pas exprimer le moindre doute ni dire par exemple que vous auriez dû choisir autre chose à lui soumettre. Si vous ne croyez pas en votre création, comment le critique peut-il être convaincu ? S’il vous demande si vous avez apporté autre chose ou manifeste un intérêt particulier, dans ce cas, vous pouvez sortir une autre série, que vous aurez apportée au cas où. Malgré tout, ne l’assommez pas avec une trop grande quantité ou une trop grande diversité de travaux.

Pouvez-vous nous révéler un détail inattendu à votre sujet ?

Il me vient deux choses à l’esprit. La première : Paul Simon a écrit une chanson qui parle de moi. Et la seconde : en Inde, il y a des années, Richard Gere et moi, on s’est faufilés dans le jardin de la Bodhi, l’arbre au pied duquel le Bouddha a atteint l’illumination. J’ai utilisé l’une de ses feuilles parfaites comme symbole à travers tout un livre dont j’ai assuré la conception des années plus tard : An Open Heart: Practicing Compassion in Everyday Life (avoir le cœur ouvert, pratique de la compassion dans la vie quotidienne) par le Dalai Lama et Nicholas Vreeland.

 

Propos recueillis par Aline Smithson

Basée à Los Angeles, aux États-Unis, Aline Smithson est auteure, spécialiste de la photographie. Cet entretien est republié avec l’autorisation d’Aline Smithson/Lenscratch.com.

www.lenscratch.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android