Taryn Simon est une de ces artistes talentueuses dont on ne parle pas seulement pour leur travail mais également pour leur personnalité ou leur « aura artistique ». Simon est une artiste hautement respectée et estimée qui est en même temps très populaire, et représentée par la galerie au renom international Gagosian. Les gens raffolent de son travail ou le vouent aux gémonies. Je n’ai pour ma part jamais rencontré personne qui n’ait pas une opinion tranchée sur son travail. Personnellement, je suis toujours très curieuse de découvrir la nature de sa prochaine œuvre.
A Living Man Declared Dead and Other Chapters (Un homme déclaré mort prématurément et autres chapitres) est « une méditation extensive à propos de l’économie politique de la fatalité » comme la décrit Geoffrey Batchen dans une présentation incluse dans le catalogue qui accompagne l’exposition. La nouvelle série de Simon explore les relations entre la chance, la lignée, et le destin et enregistre les effets de la combinaison de facteurs les concernant – territoire, gouvernement, pouvoir, et religion mêlés à l’héritage physique et psychologique.
La photographe américaine a voyagé à travers le monde pendant quatre ans – de 2008 à 2011 – pour mener une recherche exhaustive sur les liens du sang et les histoires qui s’y rapportent. Son travail est une collection de généalogies réunies en dix-huit chapitres allant de familles rivales au Brésil aux victimes des génocides en Bosnie, des morts-vivants en Inde aux polygames au Kenya, des lapins utilisés par la recherche en Australie à l’histoire de la première femme qui a détourné un avion. Contrairement à ce qu’elle avait fait dans ses précédents travaux – Contraband (2010), An American Index of the Hidden and Unfamiliar (2007) et The Innocents (2003) – Simon, avec A Living Man Declared Dead, dépasse les frontières de sa propre culture et de son système social pour s’intéresser à la population mondiale dans son ensemble, opérant ainsi un changement significatif dans sa pratique.
Elisa Badii