Voici le texte et les images que Jean-Paul Gavard Perret nous envoie à propos du livre : « Ce que tu me voiles » de Sylvie Aflalo Haberberg.
Sûres en chair
Obésité et nudité : Sylvie Aflalo Haberberg
Tout nu ne serait pas montrable. c’est du moins ce qu’enseigne une certaine doxa des stéréotypes érotiques. Montrer le corps des femmes grosses voire obèses est donc un inerdit – sauf bien sur pour en tirer des clichés douteux et à usage pervers.
Sylvie Aflalo Haberberg transgresse cet invisible sous prétexte qu’il serait trop visible. Mais elle a compris le risque de l’effet sur en chair que cette nudité pouvait engendrer.
Pour éviter tout malentendu elle cultive ce qu’elle a pratiqué ailleurs de manière plus documentariste (sur le marché de Trouville) et qu’elle domine parfaitement dans sa technique : le flou. Il crée ici une forme d’épure poétique.
Les modèles furent toutes été des volontaires plus que consentantes. Car suite aux annonces de la photographe elles y ont répondu car elles trouvaient là une écoute de la part d’une femme qui ouvrait des corps qui eux aussi crée une légitimité de l’éros qu’ils peuvent engendrer.
Ainsi nues et captées les femmes ne sont plus des captives de leur poids mais redeviennent Vénus et libres.
Jean-Paul Gavard-Perret
Sylvie Aflalo Haberberg, « Ce que tu me voiles », Sylvie Aflalo Haberberg Editions, Paris, novembre 2023