La Galerie Les Douches, à Paris, expose ce discret photographe américain dans Au fil du temps, jusqu’au 3 mars 2018. Ce travail ne documente pas le monde mais il parle de ses émotions, de sa propre vie.
On imagine (à tort peut-être) Steven Rifkin comme étant un homme apaisé, presque heureux, d’une élégance et d’un raffinement extrême. Mais nous l’imaginons évidemment à l’aune de son œuvre. Cette exposition aurait également pu s’intituler : La Douceur de Vivre.
Steven Rifkin nous promène au fil des jours, on pourrait même dire au fil de l’eau, dans une Amérique que l’on n’avait quasiment jamais vue de la sorte. Des années 1970 à nos jours, Steven Rifkin nous fait découvrir une Amérique d’une pureté étonnante, et ses habitants sont photographiés comme autant d’acteurs d’une comédie musicale muette filmée en noir et blanc. Quand on les retrouve par deux, ses personnages sont pour ainsi dire le positif des characters de Diane Arbus. Car Rifkin n’appartient à aucune tradition ; il est sa propre tradition, comme il nous raconte sa propre Amérique. Une Amérique pacifiée, où Kennedy et Luther King n’auraient jamais été assassinés, une Amérique qui n’aurait pas connu le Vietnam, une Amérique dont Donald Trump ne serait pas le président.
Mais l’on doit cette apparence de douceur suprême tant à ses sujets qu’à la qualité unique de ses tirages. On ne saurait imaginer ses photos tirées par quelqu’un d’autre que lui ; elles possèdent la douceur et le mystère des esquisses, à tel point que l’on se demande presque s’il s’agit de tirages ou de dessins. Et l’on n’est pas surpris que Steven Rifkin soit également le tireur attitré de nombre de grands photographes. Et parmi ces grands photographes, Steven Rifkin soi- même.
Olivier Beer
Olivier Beer est un scénariste et nouvelliste.
Steven Rifkin, Au fil du temps
Du 20 janvier au 3 mars 2018
Galerie Les Douches
5 Rue Legouvé
75010 Paris
France