A l’occasion de la sortie d’une grande monographie rétrospective chez TeNeues, le photographe allemand Martin Schoeller tient une exposition tout aussi importante à la galerie Hasted Kraeutler de New York. Portraitiste de renommée internationale, collaborant aux plus grands magazines tel Time, le New Yorker ou GQ, il s’est imposé au début des années 2000 par son style uniforme, ses cadrages serrés au visage, une lumière éblouissante et, par la suite, une postproduction renforçant avec puissance chaque trait de ses sujets, pour un style parfois surnaturel.
Ainsi, d’innombrables personnalités du monde politique ou du cinéma se sont succédées devant son objectif ces quinze dernières années : Barack Obama, Jack Nicholson, Cate Blanchett, Angelina Jolie, Brad Pitt, Angela Merkel, mais aussi Mark Zuckerberg, Iggy Pop ou Lance Armstrong, pour ne citer qu’eux. Lorsqu’il choisit la mise en scène en contexte, ses photographies se servent alors de références populaires célèbres, du jeu et de l’amusement, du fantastique aussi, tout en dégageant une impression d’impertinence. Certaines ressemblant à des scènes de cartoons américains. Parfois grossières, d’un goût particulier, mais rarement vraiment vulgaires, les photographies de Martin Schoeller collent parfaitement à l’imagerie visuelle des magazines actuels, notamment de mode, et de leurs nombreuses publicités. Digne hériter de Richard Avedon et de son style passe-partout, d’Annie Lebowitz aussi dont il a été l’assistant, quoique moins inventif que cette dernière à ses débuts, Martin Schoeller a choisi, naturellement, l’artiste Jeff Koons pour introduire sa monographie.
Si son style peut être parfois décrié pour son ton commercial, ses portraits révèlent souvent un « moment honnête » de son sujet, invité à baisser sa garde. Ce que la star semble pourtant avoir oublié, c’est que la beauté d’une photographie réside souvent dans l’imperfection, la spontanéité, la bizarrerie, mais incontrôlée, et une dose de sensibilité à d’autres choses que la notoriété. Indispensable équilibre à l’esprit artistique que son modèle Irving Penn s’était lui appliqué à trouver dans ses divers projets photographiques et à travers un style bien plus naturel et humain que celui de ses successeurs célèbres. Sans blâmer l’œuvre de Martin Schoeller, c’est en cela que l’on peut remettre en cause sa pérennité qu’il a illustré par ce propos : « Les photos qui survivent au fil des ans sont celles où l’on voit quelque chose de quelqu’un qu’il ne partagerait normalement pas facilement. »
LIVRE
Portraits, de Martin Schoeller
Couverture rigide
260 pages
150 photographies
Editions TeNeues
Anglais
ISBN:978-3-8327-9729-4
27 x 36 cm
98 €
http://www.teneues.com
EXPOSITION
Martin Schoeller, Portraits
Jusqu’au 3 janvier 2015
Chez Hasted Kraeutler
537 West 24th Street
10011 New York
USA
T 212.627.0006