Stephan Vanfleteren (1969) a commencé sa carrière au journal De Morgen, qui venait d’être créé et qui était à l’époque l’incarnation d’un nouveau journalisme. De nombreuses pages sont consacrées à l’image et des photographes comme Vanfleteren donnent au journal son propre visage. Il est rapidement devenu l’un des créateurs d’images les plus connus, avec une photographie en noir et blanc empathique et réfléchie, avec un sens de la nuance et un accent sur l’être humain, avec une touche d’Avedon ici et un peu plus d’influence Penn là. Il réalise des reportages en Belgique et à l’étranger sur les événements les plus importants du moment, tels que le conflit en ex-Yougoslavie, le génocide rwandais, la famine en Éthiopie et le conflit en Afghanistan, et bien sûr sur presque tous les événements majeurs de l’actualité nationale belge.
À la même époque, il se profile également comme un photographe portraitiste : les interviews ou les contributions sur les grands du moment doivent être « illustrées ». C’est ici que Stephan Vanfleteren montre vraiment son talent : des portraits pénétrants (en gros plan) à la lumière du jour avec un grain grossier, parfois avec un peu de mise en scène, parfois avec une touche d’humour, parfois avec un sourire mais toujours avec le respect du sujet. Les articles d’actualités ont depuis longtemps disparu dans la déchiqueteuse, les portraits restent.
À partir du milieu des années 2000, il poursuit d’autres projets personnels tels que Elvis & Presley (un voyage à travers les États-Unis avec un sosie d’Elvis), Flandrien (sur son amour profond pour le cyclisme), Visscherskoppen (sur les vieux marins pêcheurs), Atlantic Wall (photographie de paysages autour de bunkers de la Seconde Guerre mondiale), Charleroi, Il est clair que le gris est noir sur la ville industrielle délabrée du même nom ou Mercy Ships (sur un navire-hôpital effectuant des interventions médicales sur les côtes africaines).
Stephan Vanfleteren a toujours été un photographe de l’extérieur, sous les cieux gris de la mer du Nord, ou avec les nuages hollandais. Mais en 2015, nous voyons un autre tournant. Le photographe de plein air entre dans le studio. Avec « Nature Morte« , il photographie des animaux morts, dans une lumière discrète et diffuse. Il semble que le photographe prenne conscience de la mortalité – ou comme il le dit lui-même :
Ou comment la photographie d’un animal mort peut galvaniser notre propre memento mori ». Plus la mort est proche, plus la vie est consciente. (Présent p454)
De même dans Corpus où il étudie le corps humain, ici avec un sens de la beauté du corps (féminin), là encore en faisant référence à la mort. Il s’agit d’une série en construction, et Vanfleteren laisse le spectateur sous tension en ne nous présentant que de manière incrémentale l’évolution du projet. Il est certain que l’éros et le thanatos formeront un thème principal, mais il nous laisse dans le flou quant à savoir si le memento mori finira par l’emporter.
Son travail continue d’être publié dans des journaux et des magazines tels que Le Monde (FR), The New York Times (US), De Volkskrant (Pb) et Die Zeit (All), et fait l’objet d’expositions en Belgique et à l’étranger. Les expositions belges « Portrait » pour son 40e anniversaire et « Présent » (avec une rétrospective de son œuvre à l’age de 50 ans) ont confronté respectivement 60 000 et 146 000 visiteurs à son œuvre, tout en établissant des records dans le monde des musées. Des publications telles que Belgicum (2007 – un voyage de découverte dans son pays natal), Portrait 1989-2009 ou Present (2019 avec plus de 500 images) sont devenues des best-sellers et ont donné un bel aperçu de l’œuvre de Stephan Vanfleteren.
Une chose est sûre : l’exposition Catching Light, Freezing Time Capter la lumière, figer le temps vaut le détour !
John Devos
Stephan Vanfleteren : Catching Light, Freezing Time
12 oktober – 10 november
Sotheby’s Brussels Gallery
Avenue Louise 251
1050 Brussels, Belgium
Monday–Saturday | 10am–5pm
en association avec Galerie FIFTY ONE
Les livres de Stephan Vanfleteren
https://hannibalbooks.be/zoeken?q=vanfleteren
Quelques références à Stephan Vanfleteren dans l’Oeil de la Photographie
https://loeildelaphotographie.com/fr/fifty-one-vivian-maier-capturing-life/
https://loeildelaphotographie.com/fr/fifty-one-stephan-vanfleteren-capturing-life/
https://loeildelaphotographie.com/fr/gallery-fifty-one-stephan-vanfleteren/
https://loeildelaphotographie.com/fr/evenement/stephan-vanfleteren-surf-tribe/
https://loeildelaphotographie.com/fr/sete-2012-stephan-vanfleteren/