Après la publication du troisième face à face mercredi dernier entre Eric Dexheimer et Xavier Lambours, voici la quatrième et dernière partie confrontant avec les séries photographiques de Bernard Plossu et Raphaël Helle. L’exposition Œil pour œil est organisée à l’occasion des cinq ans de Signatures, maison de photographes. Chaque semaine, nous vous avons présenté les séries visibles à l’Hôtel de Sauroy jusqu’au 14 juin, en suivant le parcours fidèle de l’exposition au travers le dialogue de 8 regards d’auteur.
INTIME, Bernard Plossu
De la géographie intime à celle des grands espaces, le photographe traduit toujours une manière d’être au monde. Si Bernard Plossu photographie la route par instinct, passion et nécessité, il sait aussi que face à une géographie sans limite, il lui faut faire de petits tirages parce que les immenses espaces ainsi condensés appellent réflexion et demandent qu’on se rapproche. De son « jardin de poussière », comme il nomme joliment ses paysages du désert, à son univers familier où la sensualité le dispute à la nostalgie de l’enfance, il nous invite à partager une intimité qui nous touche au plus profond. Entre nuages pâles et corps tremblés.
Influencé par le style direct de la caméra à l’épaule du cinéma de la Nouvelle Vague, je photographie au 50 mm, l’objectif qui ne déforme pas la vision, sur un vieux boîtier qui a la moitié de mon âge. Pas besoin d’appareils pleins de gros trucs et tout. La photographie parle du temps, pas seulement capturé, mais aussi évoqué. C’est cela qui me touche, cette discrète manière de regarder et de partager le monde. On pourrait dire que les images sont aussi des instants non décisifs.
DEREGLEMENT CLIMATIQUE, Raphaël Helle
Quand le climat est détraqué, les crocodiles remontent vers le cercle polaire, les ours blancs grillent dans les déserts et les oranges font n’importe quoi. À travers le personnage fantasque de Miss O’Range, une création de Caroline Amoros, nous avons commencé une fable photographique sur le dérèglement climatique. Au Maroc, on arrose les golfs et on remplit les piscines pour attirer les touristes malgré le stress hydrique et le rationnement en eau des paysans. En Islande, cette île d’eau, de glace et de feu, le réchauffement réduit la taille des glaciers, mais l’activité volcanique menace les humains de représailles. À Dubaï, la vanité humaine impose sa démesure.
Ce projet fait suite à plusieurs reportages où je m’étais plus intéressée aux solutions qu’aux problèmes du réchauffement climatique. J’avais notamment travaillé sur l’exemple de Fribourg, en Allemagne, et son écoquartier Vauban, projet pilote à l’époque. Aujourd’hui, j’ai pris le parti de la fiction pour dénoncer, je l’espère avec humour et poésie, les comportements irrationnels des hommes sur l’environnement.
EXPOSITION
Œil pour œil
Regards croisés, cinq ans de Signatures
Jusqu’au 14 juin 2014
Hôtel de Sauroy
58, rue Charlot
75003 Paris
France
Entrée libre
Photographes exposés : Bernard Plossu (Intime), Bruno Amsellem (Etranger), Xavier Lambours (Sexe), Raphaël Helle (Dérèglement climatique), Johann Rousselot (Colères), Tina Merandon (Peurs), Eric Dexheimer (Mort) et Michel Nguie (Borderline).
CONFERENCES
• 50 ans du Musée français de la photographie
Le jeudi 12 juin 2014 de 18h30 à 20h
Avec Julie Corteville, conservatrice en chef du MFP, Rémi Calzada, conservateur du patrimoine, Laurent Laliberté, chargé de mission – fonds documentaires/réseaux numériques.
RECONTRES AVEC LES PHOTOGRAPHES DE SIGNATURES
• Mercredi 11 juin à 18h30
Présentation de Whiteland, un projet de webdocumentaire de Jérémie Jung sur la jeunesse groenlandaise, avec Virginie Terrasse
• Vendredi 13 juin à 18h30
Lancement de Postures, éditions Le bleu du ciel
En présence de Frédéric Desmesure et de Didier Vergnaud, éditeur.
• Samedi 14 juin à 18h30
Les héritiers. Rencontre avec Géraldine Millo autour de son travail sur les jeunes en formation professionnelle.
Avec la participation de Philippe Bazin
