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Shanghai: Mountain in sight, Spirit in heart

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Située au cœur de M50, un des célèbres quartiers arty de Shanghai, la Vanguard Gallery s’est consacrée depuis 2004 à la promotion de la jeune génération artistique asiatique. Elle dévoile jusqu’au 23 mars prochain les photographies de deux de ses nouveaux artistes à travers l’exposition Mountain in sight, Spirit in heart. Aux antipodes de notre époque inondée d’images digitales, Di Jinjun et Shen Xuezhe ont choisi l’argentique pour créer des séries de paysages et de portraits saisissants, à la fois mélancoliques et inquiétants.

A première vue, il serait facile de faire un parallèle entre les photographies de Shen Xuezhe (né en 1973 dans la préfecture autonome coréenne de Yanbian) et l’ancestrale tradition chinoise des peintures de paysage tant les compositions sont soignées, presque étagées, et attachent une grande importance à la représentation des arbres, des roches et de l’eau. Mais alors que notre esprit pourrait laisser libre cours à cette idée de tradition héritée, d’autres éléments viennent se heurter à cette vision quelque peu idéalisée du paysage chinois. En effet Shen s’inscrit dans le présent en ajoutant de manière plus ou moins discrète des composants de la vie contemporaine urbaine, une clôture barbelée par ici, des poteaux électriques par là, voire un large pont coupant nettement le paysage en deux.
L’artiste semble attaché au thème de la séparation que la constante représentation du pont et du cours d’eau matérialisent. Et pour cause, vivant pourtant dans ce petit village situé à la frontière sino-coréenne Shen est en réalité dans l’impossibilité de voir une partie de sa famille restée en Corée du Nord. Ces paysages et cette rivière prennent alors une toute autre dimension, ils sont les remparts l’empêchant de communiquer avec ses proches, ils cristallisent sa profonde tristesse.

Contrastant avec la précision des paysages de Shen Xuezhe, ceux de Di Jinjun (né en 1978 dans la province du Shanxi, Chine) sont vaporeux, presque fantasmagoriques. Ces effets sont notamment le résultat d’une technique datant du 19e siècle que l’artiste utilise : le collodion humide. Di attache une importance particulière au côté manuel de cette technique photographique, l’acte de plonger une feuille photosensible dans un révélateur et tenter de maîtriser l’apparition de l’image représente la relation même entre l’homme et la nature selon lui. Les scènes de sa série Wet Sea tentent de percer le mystère inhérent à la nature qu’il expérimente au quotidien, mais cette révélation n’est selon lui possible qu’à travers l’utilisation d’une technique du passé.
Ce même paradoxe spatio-temporel est visible dans Dress for ritual, une série de portraits où Di met la féminité à nu, fantasme la femme chinoise dans son « qipao » traditionnel (mot chinois signifiant cette longue robe à la mode dans les années 1930) pour mieux la dévoiler à la lumière de robes contemporaines. Les photographies se passent de mots tant ce regard profond et intense bouleverse, tant la finesse des traits et la sensualité de cette femme troublent. Ces mises en scène rappellent par ailleurs les premiers portraits photographiques du 19e siècle, eux mêmes tirés des rites de vénération des ancêtres plus connue à travers la peinture, et qui remontent à l’antiquité.

L’exposition Mountain in sight, Spirit in heart propose en somme un duo d’artistes novateurs, qui déploient la grâce et la magie d’une technique ancienne, tout en la mettant au goût du jour à l’aide de sujets contemporains.

Marine Cabos

Mountain in sight, Spirit in heart
Du 19 janvier au 23 mars 2013
Vanguard Gallery
Room 204 Building. 4A
50 Moganshan Road
Shanghai, Chine
+86 21 62993523

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