À Shanghai, l’exposition des photos de Patrick Zachmann, Adieu, Chine, se centre sur le tournant du processus mémoriel de la Chine dans les années 1980 et 1990, montrant ainsi une sélection de photographies en pur noir et blanc.
D’une ampleur limitée, l’exposition se divise en trois chapitres : l’un est consacré au cinéma, l’autre à la migration, l’un des thèmes de recherche les plus importants pour Patrick Zachmann, et le dernier aux évènements de 1989, effacés de la mémoire collective. Chacun reste toutefois définitivement frappé par la puissance narrative de ses « photos de plateau ».
C’est grâce à un ami sinologue que Patrick a découvert et aimé les vieux films de Shanghai des années 1930. En 1982, la Chine sortant peu à peu de l’ombre de la Révolution Culturelle, Patrick a senti qu’il était temps de témoigner du renouveau du cinéma chinois. Il en est ainsi devenu l’un des rares observateurs, dans les coulisses des studios de cinéma de Pékin et Shanghai, où il a pu voir des cinéastes des troisième et cinquième générations au travail, auteurs de la vague de films d’art et d’essai teintés de socialisme qui ont remporté des prix dans les festivals de Cannes, Venise ou Berlin. Trois photos jamais publiées ni exposées montrent la célèbre actrice chinoise Liu Xiaoqing (l’un des plus beaux visages de la Chine), arrivant sur le plateau vêtue de son costume de future impératrice douairière pleine d’ambition. Sa caravane est entourée d’une foule de curieux portant des costumes Mao et des casquettes de l’armée de libération. La vitre qui sépare l’actrice de la foule devient un poste d’observation panoramique pour le photographe français, qui pose ainsi son regard sur un monde exotique dont il ne parle ni ne comprend la langue. Outre le subtil langage de la lumière – voir l’acteur hongkongais Tony Leung faisant des ombres chinoises dans la salle de repos de Liu Xiaoqing –, tout l’art de Patrick Zachmann repose sur sa capacité à capter l’intimité d’un moment malgré la barrière de la langue. Lorsque Patrick est retourné dans le studio de cinéma de Shanghai en 1995, il a pris l’un des plus beaux portraits de l’actrice Gong Li sur le tournage de Temptress Moon, de Chen Kaige, utilisant ce format carré inhabituel d’où surgit une Gong Li évanescente, dans un rayon de lumière onirique.
EXPOSITION
So Long, China
Patrick Zachmann
du 14 mai au 29 juillet 2016
Beaugeste Gallery
210 Taikang road, building 5, space 519
Shanghai 200021
Chine
http://www.beaugeste-gallery.com
