« Se faire photographier était un grand événement, il fallait arriver à donner la meilleure image possible de la personne.
Souvent ils prenaient un air sérieux, mais je crois aussi qu’ils étaient intimidés par l’appareil, c’était nouveau. »
– Seydou Keïta
Seydou Keïta est né à Bamako vers 1921 et ouvre son studio de photographe portraitiste en 1948. Son oncle, qui lui a offert avant-guerre un appareil Kodak Brownie, a déclenché sa vocation. Autodidacte, il bénéficie des conseils de son voisin Mountaga Dembélé, photographe et instituteur malien de l’entre-deux-guerres, et de la fréquentation du magasin-studio photo de Pierre Garnier.
Situé sur la parcelle familiale, son studio se compose de sa pièce de vie d’une vingtaine de mètres carrés et de la cour, attenante, où il réalise le plus grand nombre de ses photographies à la lumière naturelle. Proche de la gare de Bamako et de nombreux lieux d’attraction de la ville, il sait bénéficier du flux de voyageurs de l’Afrique de l’Ouest et séduit très vite la jeunesse urbaine qui devient sa principale clientèle.
Keïta devient rapidement célèbre grâce à son sens de la mise en scène, de la pose, et de la qualité de ses tirages. Il réalise l’essentiel de ses portraits en une seule prise, à la chambre 13 x 18, qu’il développe par contact au même format. Son succès tient également aux nombreux accessoires mis à disposition de ses clients dans son studio : costumes européens, chapeaux, cravates, montres, bijoux, stylos, Vespa, etc. Ils contribuent à la projection d’une identité visuelle et sociale, réelle ou idéalisée, émanant d’une société qui aspire à la modernité.
La photographie de Seydou Keïta marque en effet la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation pour ouvrir l’ère d’une photographie africaine qui affirme son identité. Là où les
« indigènes » étaient représentés frontalement, en tant qu’échantillons anthropologiques d’une tribu ou d’une catégorie de population, Keïta privilégie les poses de trois-quarts et la diagonale pour magnifier des personnes et non pas des sujets. Ses clients devenant ainsi les modèles actifs de sa démarche artistique. Keïta, qui a réalisé plusieurs milliers de clichés, a inlassablement cherché à donner d’eux la plus belle image et est aujourd’hui considéré comme l’un des grands portraitistes du XXe siècle.
Cette exposition rétrospective présente pour la première fois un important ensemble de tirages argentiques modernes – réalisés de 1993 à 2011, et signés par Keïta – ainsi que des tirages argentiques d’époque. Le parcours est organisé chronologiquement, de 1949 à 1962, date de la fermeture de son studio, en tenant compte des divers fonds en tissu que Keïta utilisait et grâce auxquels il parvenait à dater ses photographies.
Seydou Keïta
Du 31 mars au 11 juillet 2016
Grand Palais
75008 Paris
France
http://grandpalais.fr
http://www.seydoukeitaphotographer.com
LIVRE
Seydou Keïta
Editions de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris 2016
22×24 cm, 224 pages
248 illustrations
35 €
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https://www.mobileaction.co