Actuellement à découvrir à Toronto et durant tout le mois de mai, le Scotiabank CONTACT Photography Festival réunit de nouveau cette année une myriade de photographes confirmés et émergents autour d’expositions qui parcourent toute la ville ; avec plus que jamais la volonté d’inscrire cet évènement dans une démarche écologique et de respect de l’environnement.
Lors de notre dernier échange avec Darcy Killeen, directeur général de CONTACT, la dimension écologique et environnementale a été abordée comme une composante fondamentale du festival : « C’est un sujet qui est très important pour nous et pour beaucoup d’artistes, il y a donc beaucoup d’expositions qui s’y rapportent. (…) »
Ainsi, alors que des installations photographiques monumentales arpentent toute la ville, demandant énormément de ressources en termes d’énergie et de production, le festival innove en ce qui concerne le recyclage et la prospérité de ces installations. Impulsant une nouvelle façon d’intégrer l’œuvre dans la ville au moment où la crise énergétique et l’urgence climatique imposent leurs premières conséquences, le festival pousse à une toute nouvelle réflexion sur à la fois créer et exposer l’œuvre.
La culture et notamment les arts visuels, comme d’autres activités humaines, consomme beaucoup d’énergie et de matière. Elle devrait donc elle aussi s’adapter en fonction des enjeux écologiques et des défis environnementaux auxquels nous faisons face. Écoconcevoir, c’est ce que des artistes comme Maggie Groat mettent au cœur de leurs créations. Le travail de cette artiste et photographe canadienne est mis à l’honneur par le festival à travers trois expositions, une à la CONTACT Gallery et les deux autres sur des installations extérieures.
« Nous essayons de trouver des moyens de créer des installations temporaires plus éthiques. Maggie Groat est une source d’inspiration, car elle utilise des matériaux totalement durables, tout est recyclé ou recyclable, elle ne travaille avec rien de nouveau qui sera jeté par la suite. Il s’agit là de tendances importantes que nous observons, non seulement en ce qui concerne l’apparence de l’œuvre d’art, mais aussi en ce qui concerne la prise en compte plus profonde de sa durée de vie totale, de la production à l’impact sur l’environnement. », ajoute Darcy Killeen à ce sujet.
Si cette démarche pouvait être un exemple à suivre pour de nombreux autres évènements artistiques, elle ne va pas sans ses problématiques financières et techniques. Il est en effet encore difficile de recycler tous les projets d’installations artistiques. Selon Heather Canlas Rigg, directrice artistique du festival, « Cela nécessite des ressources techniques, administratives et financières considérables, et nous continuons donc à réfléchir à la meilleure approche à adopter pour réduire notre empreinte écologique. Nous avons commencé à rechercher des matériaux de substitution au vinyle et à discuter avec nos fournisseurs et nos producteurs des pratiques d’installation les moins nocives pour l’environnement et les moins génératrices de déchets pour l’avenir. »
Tout reste encore à faire et à imaginer, mais une telle démarche ne peut qu’être saluée, car elle marque le début d’une réflexion qui pourra peut-être aussi inspirer une politique publique de soutien et de transition. En attendant, les artistes et ici des évènements comme le Scotiabank CONTACT Photography Festival semblent s’être emparés de cette problématique plus que jamais d’actualité.
Marie Pellicier
4 mai 2023