Sandro Miller et John Malkovitch se connaissent depuis 17 ans. Ils travaillent ensemble et sont amis. Il y a deux ans, Sandro Miller voulait rendre hommage à Irving Penn, son mentor; il eut l’idée de la photo de Truman Capote. John Malkovitch fut séduit. La suite de l’histoire la voic : une quarantaine de recréation d’images iconiques de l’histoire de la photographie, toutes plus étonnantes les unes que les autres. Elles seront exposées du 7 novembre au 31 janvier à la galerie Catherine Edelman, à Chicago.
J’ai commencé à travailler avec John Malkovich il y a plus de 17 ans lorsqu’il était membre de la troupe théâtrale Steppenwolf Theatre Company, connue dans le monde entier. J’ai rencontré John lors d’une séance photo, et nous sommes amis et collaborateurs depuis cette lors ; nous avons créé 120 portraits jusqu’à présent. Sa confiance dans mon travail est sans précédent et m’a donné de nombreuses occasions de travailler avec lui. Au cours des 17 dernières années, j’ai contacté John à propos de divers projets personnels allant de courts-métrages à des histoires photographiques. Il n’a jamais dit non et a toujours été ouvert à mes idées. Pour moi, John est une superbe toile vierge prête à être peinte. Il est extrêmement ouvert d’esprit, il n’a jamais peur et est toujours prêt à aller là où la plupart des acteurs de son calibre n’iraient pas. C’est un génie prêt à prendre des risques, avec un talent qui lui permet de devenir tout ce que je lui demande. Il ne rechigne pas à se déguiser et à devenir le sujet des images les plus iconiques de l’histoire, ce qui est un vrai don.
C’est après l’une de nos longues journées passées à travailler ensemble que j’ai réalisé à quel point John était un génie. Il y a deux ans, je voulais rendre hommage à Irving Penn, mon mentor. J’ai regardé John and j’ai constaté qu’il ressemblait un peu à Truman Capote. J’ai décidé de rendre hommage à Irving Penn en recréant sa photographie de Capote. Le résultat était incroyable, et le retour sur le travail était tellement positif que j’ai décidé que ce serait une idée magnifique de rendre hommage à tous les photographes qui m’ont influencé pendant 40 ans de carrière. Les germes de Malkovich, Malkovich : Hommage au maîtres de la photographie, étaient nés.
Il y a 18 mois, je suis allé en France pour voir John, avec sous le bras 30 images iconiques de 28 maîtres de la photographie, pour lui parler de mon idée pour un nouveau projet. Après avoir bu deux bouteilles de vin avec John, je lui ai présenté mon idée et il en est tombé amoureux. J’ai choisi John car au fond de mon cœur, je savais que c’était le seul acteur qui serait prêt à se transformer en l’un des divers sujets apparaissant sur les images originales. Ma plus grande crainte était que les gens ne prennent pas ce projet sérieusement. Je ne voulais pas que ce soit une parodie. J’étais sérieux à propos de l’hommage rendu à ces photographes et aux photographies qui ont changé ma perspective sur la photographie. Ces images m’ont inspiré tout au long de ma carrière et ont fait de moi le photographe que je suis aujourd’hui. J’avais besoin de la perfection d’un acteur qui mettrait tout en question. J’ai observé John se transformer en un garçon, une fille, une femme, Marilyn, Picasso, Hitchcock, Betty Davis et Che Guevara.
Une fois que John a accepté de collaborer à cette série, j’ai passé huit mois à faire des recherches sur tous les détails des photographies sélectionnées. J’ai engagé une styliste, Leslie Pace, pour m’aider avec les costumes. J’ai également collaboré avec Randy Wilder, un expert de la coiffure et du maquillage, et Angela Finney, qui construit des décors. Ensemble, nous avons disséqué chacune des photos dans leurs moindres petits détails pour pouvoir rendre hommage de manière précise aux maîtres de la photographie qui ont créé ces œuvres magnifiques. C’est leur passion pour la perfection et leur brio qui m’ont donné cette fantastique opportunité de recréer ces images avec John Malkovich. John est une icône de la culture pop. John fait de l’opéra, du théâtre, il a sa propre ligne de vêtements et c’est l’un des acteurs de cinéma les plus recherchés. Il est génial, il a confiance en lui et il est prêt à prendre des risques. Il était impliqué dans la conception de chacun des personnages, mettant parfois son propre maquillage et faisant même son propre nez en cire pour les sessions Salvador Dali et Picasso. Il était très concentré sur le perfectionnement du maquillage pour la photographie de Jack Nicholson en tant que Joker de Herb Ritts. Le maquillage et l’esthétique prenant au moins deux heures par photo, John étudiait la photo originale. On pouvait voir que John travaillait son personnage pendant que le maquillage, la coiffure et l’esthétique étaient réalisés. C’était vraiment un plaisir de voir un tel perfectionniste à l’œuvre.
Je veux que les gens réexaminent ces images iconiques et sentent la force et la narration qu’un seul portrait peut révéler. Ces images sont iconiques car elles invoquent un sentiment, une pensée ou un souvenir inoubliable. Pour moi, ces images changent la vie, elles sont une source d’inspiration et m’émerveillent. C’est ma manière de remercier ces maîtres qui ont créé ces images incroyables.
On m’a demandé à plusieurs reprises quelle photo a été la plus difficile à réaliser, et je peux dire en toute honnêteté que ça n’a été facile pour aucune. Toutes les images ont demandé une importante recherche, pour la conception comme pour l’éclairage. La perfection était une valeur essentielle, et tous ceux qui travaillaient sur le projet avaient le même objectif. Il a réellement fallu une équipe de première qualité pour réaliser un tel projet, et je la remercie du fond de mon cœur.
Beaucoup de gens veulent savoir quelle est mon image préférée. Je dois d’abord dire que je suis amoureux de chacune d’entre elles, car elles m’ont toutes touché avec le temps. Chacune de ces images a reçu toute l’énergie, la passion et l’amour que j’avais lorsque je les ai créées. Il était important pour moi de rendre son dû à chacun des maîtres de la photographie. Une image qui sort du lot pour moi est Twins, de Diane Arbus, prise en 1967. Arbus a bien réussi à capturer l’expression d’étonnement et de crainte de l’une de ces deux magnifiques jumelles tandis que l’autre paraît excitée et amicale. Les deux sont tellement différentes et uniques, un peu étranges. Le spectateur veut en savoir plus sur ces jumelles. John a étudié ces deux sœurs et il est devenu chacune d’elles. C’était vraiment incroyable de regarder John se transformer en l’une ou l’autre en quelques secondes. La recherche pour cette image a été particulièrement approfondie. Les robes ont dû être fabriquées, des perruques ont dû être réalisées pour convenir à la tête de John, et tout cela devait reproduire le style arboré par ces deux petites filles. Si on regarde de près le décor construit par Angela Finney, il est proche de la perfection. Chaque aspect de la photographie est parfaitement recréé pour honorer l’original de le Diane Arbus.
Sandro Miller
EXPOSITION
Malkovich, Malkovich, Malkovich: Homage to Photographic Masters
Photographies de Sandro Miller
Du 7 novembre 2014 au 31 janvier 2015
Catherine Edelman Gallery
300 W Superior St
Chicago
USA
T : +1 312-266-2350
L’exposition sera présentée à Los Angeles, New York, Dallas, Paris et en Italie.
[email protected]
http://edelmangallery.com
http://www.sandrofilm.com