Ville mythique, Beyrouth fascine. Décrite comme « la petite Suisse du Moyen-Orient » dans les années 1960, elle devient synonyme de chaos lorsque le Liban s’enfonce dans quinze ans de guerre. Détruite, meurtrie, elle se relève portée par un nouvel espoir avant d’être frappée en 2006 par la « guerre de juillet » ou « guerre des trente-trois jours »avec Israël. Ce conflit, qui brise l’élan de la jeunesse et réveille les traumatismes passés, est le point de départ de l’exposition. Les traces qu’il laisse dans l’inconscient beyrouthin se devinent en creux dans les photographies et vidéos présentées, derrière une exubérance parfois déconcertante. Culte de l’apparence, excès nocturnes d’une génération en quête de sens, omniprésence de la religion : C’est Beyrouth est une déambulation dans la ville, à la rencontre de ses habitants. Les regards de seize artistes libanais et européens, émergents ou reconnus, se croisent pour témoigner d’un pluralisme caractérisé par une forte structuration communautaire. Dépassant les clichés et les fantasmes, ils documentent les bouleversements de la société libanaise en dévoilant la réalité quotidienne des minorités sexuelles discriminées, des employées de maison exploitées, des migrants et des réfugiés oubliés. Loin de la galerie de portraits, l’exposition C’est Beyrouth propose de découvrir autrement cette ville à l’identité insaisissable.