Romulo Sans, l’étoile filante…
Romulo B. Sans (Barcelona 1969) possède une bitte d’amarrage dans trois ports : Barcelone, la méditerranéenne, La Havane tropicale et New York l’infernale !
Il quitte Barcelone à 17 ans en 1986, avec une autorisation parentale vers l’Amérique en compagnie d’un musicien de Stevie Wonder, il dit comme ça « un hippie américain que ma mère avait recueilli sur une plage de la Costa Brava quand on était gamins… »
L’Amérique, pour lui, sera Philadelphie : la musique, le Blues et les « cheestakes » (DesignPhiladelphia). San Francisco, la meilleure « maría » du monde et enfin New York, un tout dans un univers de vélocité, d’honnêteté et d’absence totale de diplomatie, un monde qui l’enchante.
C’est d’ailleurs probablement le port de New York qui le relie à mon poste Méditerranéen via Isabel de Sebastián, chanteuse et musicienne, épouse de Bob Telson, le compositeur de Bagdad Café, nous avons vécu trois mois ensemble à Barcelone en 2004 pour le montage de la première mondiale du film en comédie musicale.
C’est aussi l’univers des réseaux sociaux qui le situe sur ma carte : Facebook, un gentil message d’Isabel un dimanche matin sur ma page, une réponse enthousiaste et immédiate de ma part, je lui raconte ma semaine de la photographie espagnole, une recommandation suit : Romulo Sans.
En 1993, Romulo rentre au Fashion Institute of Technology et étudie l’histoire de l’art de la mode. Proactif, il ouvre simultanément une boutique dans Soho : SANS NY. Toujours en 1993 et toujours dans la profusion, Romulo fonde SANSMEDIA, une agence de publicité pour des labels en herbe sur la scène émergente de la mode new-yorkaise. Details, Vogue Man et Vogue France succombent à son talent et l’accueillent comme directeur artistique. Donald Schnaider, directeur de Vogue France dit de lui : « Sans is a very rare and lethal combination of an extraordinary artist with the camera and a hot blooded adventurer with a ferocious appetite for life and beauty. »
En 2001, il s’installe à la Havane, Cuba pour se concentrer sur son travail. Il fonde The H Magazine, un nouveau concept de magazine/catalogue sur l’île tropicale, sa vie, sa culture, son rythme musical, son « lifestyle » pour lequel il construit patiemment une distribution internationale, devenant ainsi la référence pour l’actualité, le quotidien de la Havane en constant mouvement et réinterprétation. Il aime l’île et la Havane, il le fait savoir…
Depuis, ses travaux comme directeur artistique et photographe dans le monde de la publicité, l’art et la mode constituent son activité principale. Il a collaboré avec les photographes David Bailey, Mathias Vriens, Alberto Figueroa par exemple, ses créations ont été publiées par le New York Times, Details Mag, GEO magazine, Colors Magazine, CNBC Business Magazine, Havana Journal, BBC etc, etc.
Romulo a récemment quitté sa retraite cubaine et répartit sa vie entre New York et Barcelone son port natal. Il reste cependant attaché à l’île tropicale et enseigne la direction artistique à l’Ecole Internationale de Ciné et Télévision (Escuela Internacional de Cine y Television) à San Antonio de los Baños à Cuba.
Il me reste à parler de son nom, qu’il a voulu changer à l’état civil, SANS, le nom de son grand-père et idole : Jaume Sans, un artiste surréaliste de la génération de 27, un ami des poètes, des peintres, des photographes des avant-gardes européennes des années 30.
Je joins une fois encore l’étude de Emmanuel Guigon : Adlan (1932-1936) et le surréalisme en Catalogne. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 26-3, 1990. pp. 53-80. Vous situerez bien Jaume Sans dans l’histoire avec ce document.
Voici une sélection des dernières créations de Romulo B. Sans, rebelle rimbaldien, amoureux des arts et de la vie.
Un hommage pour finir au responsable de cette liaison inattendue : Bob Telson, l’auteur de Calling You et de la bande originale du film Bagdad Café de Percy et Eleonore Adlon.
Avec Isabel, ils viennent de se réinstaller à Brooklyn, New York après 15 ans sur Buenos Aires… Il est aussi nominé aux Premios Gardel 2013 dans la catégorie Meilleur Album d’auteur avec sa dernière création discographique : OLD LP.
Lola Fabry
