Le phénomène de redécouverte de la photographie et de certains photographes ne va cesser de s’amplifier tout au long des décennies suivantes. Doisneau va faire face à de nombreuses sollicitations : publications, expositions, distinctions vont se succéder sans guère d’interruptions. Ses photographies vont faire l’objet d’une publication dans la nouvelle collection “Photopoche” en 1983, année où le Grand Prix National de la Photographie lui est décerné. De nouvelles générations redécouvrent ainsi le charme de ces images cueillies au gré du hasard pour le simple plaisir de l’œil par un photographe de la tendresse et du bonheur. Ce retour de Doisneau au premier plan se concrétise également par l’invitation qui lui est faite, en 1984, ainsi qu’à quatorze autres photographes, de participer à la Mission photographique de la DATAR chargée d’établir un état des lieux de la France dans les années 1980. Doisneau choisit de photographier la banlieue parisienne et ce, en couleur. Un véritable défi pour celui qui va en dresser un portrait sans concession dans des images profondément graphiques, violemment colorées et vides de tout personnage : « … les piétons, hier rois du pavé, ont disparu. Volatilisés ou peut-être motorisés… » Doisneau renouera avec son véritable milieu avec une autre commande des municipalités de Saint-Denis et de Gentilly. Mais une impression de tristesse se dégage de ses travaux. Les temps ont changé. « C’est la fin de la photographie sauvage, dit-il, les photographes sont devenus suspects. Je me sens bien moins accueilli. » La pression médiatique ne cesse cependant de croître. Dans cette seule période, 24 livres d’importances diverses vont être publiés ! Les expositions s’enchaînent également comme Paris en liberté, présentée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2006, qui attirera un peu plus de 400 00 visiteurs !
Mais en dépit de l’intérêt que lui porte le cinéma, qui lui consacre plusieurs courts-métrages, Doisneau va revenir dans les derniers instants de sa vie vers un domaine où il excelle également, celui du portrait. De Renaud à Sabine Azéma, toute une nouvelle génération va passer devant son objectif avant qu’il ne s’éteigne le 1er avril 1994.
Depuis ce jour, grâce à l’Atelier Doisneau créé et géré par ses deux filles, les publications et expositions ne cessent de faire vivre et de faire redécouvrir quelques uns des 500 000 clichés accumulés par ce tendre glaneur d’instants au regard clair et au sourire complice.