Rio de Janeiro : A Viagem das carrancas

C’est un thème pour le moins original qui réunit plus d’une quarantaine de photographies et presque autant de sculptures dans une exposition qui se tient depuis le 5 décembre à L’institut Moreira Salles à Rio de Janeiro. Les « carrancas », nom donné aux figures de proue des bateaux du fleuve São Francisco, l’un des plus grands fleuves du Brésil, ont ainsi été l’objet de la recherche de Lorenzo Mammì, commissaire de l’exposition, qui s’est penché sur le thème pendant près d’un an et demi pour arriver à réaliser ce qui est aujourd’hui l’exposition A Viagem das carrancas.

Pour raconter l’histoire de ces figures de femmes ou d’animaux sensées protéger les bateaux des monstres marins et des mauvais esprits, si Mammì a réuni une conséquente quantité de documentation, il s’est tout particulièrement intéressé à la série de photographies réalisée en 1946 par Marcel Gautherot alors qu’il parcourait la région de Bahia en compagnie de l’ethnologue et photographe Pierre Verger.

Lorsque les deux photographes se rendent sur les bords du fleuve São Francisco, les carrancas sont alors en train d’entamer leur déclin. Des bateaux motorisés, plus rapides et plus performants que les embarcations de bois parcourent le fleuve, et la fabrication des carrancas est déjà arrêtée. Mais les bateaux ornés de figures de proue circulent encore pourtant, et Gautherot et Verger arrivent juste à temps pour figer la mémoire de cet art populaire brésilien sous la forme d’un témoignage photographique. Le reportage de Marcel Gautherot, publié l’année suivante dans la revue O Cruzeiro, réveillera même l’engouement d’un certain public pour les carrancas, dont la production reprendra pour quelques années encore pour répondre aux commandes des collectionneurs.

L’exposition qui se déploie sur 5 salles présente une approche historique sur son sujet, mais au travers du grand nombre de photographies et de planches contact originales de Gautherot qui y sont présentées, c’est l’ampleur du travail du photographe qui y est assurément révélée, et qui donne sa consistance à ce récit de Voyage des carrancas.