Cette semaine, nouvel intervenant à avoir choisi la rue Notre-Dame de Nazareth à Paris : Philippe Riss, à l’origine de l’espace prospectif XPO Studio et également conseiller et directeur artistique autour des enjeux du postdigital dans la création contemporaine.
Pourquoi cet intérêt et motivation pour la création post-internet et ces nouvelles écritures ou esthétiques de l’image ?
Le postinternet est un terme que je n’utilise plus trop mais je rends hommage à l’artiste Artie Vierkant pour son intelligence visionnaire. Je préfère utiliser le terme #postdigital voire #vibration, plus englobant et à mon sens et qui exprime mieux les conséquences du digital sur le monde, car la question du #postdigital pose la question de la vibration physique/virtuel.
La vibration dont je parle, n’est bien évidemment pas la différence entre le réel et le virtuel, puisque le virtuel est réel, mais la vibration entre le virtuel et le physique en englobant ce dernier, soit un enchevêtrement fluide et fusionnel. Les frontières entre le virtuel et le physique sont sans cesse évolutives et il n’est pas dit qu’un jour tout ne devienne pas humainement virtuel.
Quels sont les enjeux quand vous décidez de fonder votre espace non pas White Cube mais pensé comme un think tank, un laboratoire d’expérimentation et studio dans le Haut marais ?
La galerie est un lieu de recherche depuis sa création, je l’ai créée dès 2012 dans cet esprit de recherche et d’expérimentation. J’interviens d’ailleurs beaucoup en dehors de la galerie dans des workshops, des conférences à l’extérieur. J’ai récemment participé à un workshop à Athènes dont l’idée était de créer de nouveaux termes, le dictionnaire de l’after digital. Aussi, quand Alexandre Cadain m’a proposé d’intervenir pendant le colloque qu’il dirige à l’Ecole Nationale Supérieure, j’ai immédiatement proposé le terme #postdigital qui a été accepté.
Je suis très heureux d’avoir pu participer à cette conférence inaugurale du Cycle « Les mondes numériques de l’art contemporain » organisée dans le cadre de PSL Research University et d’une collaboration entre l’ENS et le pôle numérique de l’École des Beaux-Arts de Paris.
Je suis également membre du conseil d’un think tank international rassemblant les créatifs de plusieurs start-ups. S’agissant du white cube, il reste nécessaire mais c’est désormais un espace transitionnel, un espace où l’on pense plus postcuration que curation.
Pourquoi la scène américaine a-t-elle été décisive dans cette prise en compte du genre post-internet ?
Well, USA are very ahead (en anglais dans le texte) dans la fabrication du nouveau monde. Néanmoins, il me semble que ce sont les artistes européens qui commentent beaucoup les conséquences du #postdigidal. La scène américaine a eu tendance à re-matérialiser pour plaire, d’où le terme #postinternet très vite récupéré par le marché traditionnel de l’art contemporain.
La re-conceptualisation est revenue de l’autre côté de l’atlantique mais il est très important de remarquer que la localisation de l’artiste a perdu de son importance. Je me demande même si le terme « scène locale » est toujours envisageable. On observe des expositions #postdigital dans le monde entier. Nous étions à Mexico et j’ai remarqué combien l’exposition MATERIA aurait pu avoir exactement le même « statement » à Brooklyn, Bogota , Montréal , Liverpool ou rue Notre-dame de Nazareth…
Pourquoi un prix XPO ?
L’idée de la collaboration avec JEUNE CRÉATION est apparue dans le même état d’esprit : soutenir la jeune création qui nous aide à comprendre le monde #postdigital. Nous préparons une exposition pour 2017 avec le lauréat Yann Vanderme. Cette exposition décodera pour mieux ré-encoder ce fameux monde de l’art.
Après l’exposition « Drawing after Digital » très remarquée, que prévoyez-vous pour la rentrée de septembre ?
Nous commencerons l’année par le solo show de Katie Torn, artiste basée à New York qui présentera sa première exposition en Europe. Katie Torn intégrera des animations et vidéos nouvelles pour modéliser des scènes simulées sur les détritus de la culture Internet. En octobre nous présenterons un « group show » international curaté par le commissaire mexicain Gabriel Mestre.
INFOS PRATIQUES
Actuellement : Drawing after digital
commissaire : Klaus Speidel
jusqu’au 17 juin 2016
XPO
17, rue Notre-Dame de Nazareth
75003 Paris
France
[email protected]
http://xpo.studio