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Regards Russes sur l’Iran

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En cette saison de pressions Occidentales sur Téhéran, temporisées par Moscou, l’exposition exhale un parfum géopolitique… que Larisa Grinberg, directrice de la galerie, s’efforce de chasser. « Nous n’avons pas organisé cette exposition pour prendre un parti quelconque. Notre objectif est de dissiper les préjugés qu’ont les Russes pour les Iraniens, et vice-versa » précisait-t-elle d’emblée lors du vernissage. A cette fin, les reportages en Iran de cinq photographes Russes nous sont montrés. Photojournalisme pur et dur pour Maksimichine, Kaptilkine et Kozyrev ; plus esthétique et intimiste chez Rena Effendi et Mirzoyan. Les trois premiers sont bardés de prix (World Press Photo), tandis que la jeune Rena Effendi voit sa renommée grandir après des participations aux biennales de Venise et d’Istanbul. Benjamin de l’exposition, Mirzoyan détient une récompense de l’agence Magnum pour son travail dans le Caucase. Ce qui sépare aussi les deux derniers des trois photojournalistes, c’est qu’ils sont issus de républiques ex-soviétiques frontalières de l’Iran, soit respectivement l’Azerbaïdjan pour Effendi et l’Arménie pour Mirzoyan. Pas tout à fait des regards Russes « mais pour eux aussi, l’Iran représente l’altérité », souligne Larisa Grinberg. Quant à moi, je n’ai pas vu quoi que ce soit de spécifiquement « russe » dans le regard de ces photographes, quelque chose qui se distingue notoirement de ce que les photographes Occidentaux retiennent du pays. Ce sont avant tout des regards personnels.

Maksimichine s’intéresse aux aspects de la vie quotidienne des Iraniens. Magasins de vêtements pour femmes, enfants jouant au foot dans la rue, employée coiffée du hijab travaillant dans un laboratoire pharmaceutique… Dans son reportage réalisé l’année dernière, Iouri Kozyrev cherche à capturer le fond traditionnel de l’Iran, ce qui le distingue du reste du monde. Comme cet étrange art martial appelé « Zourkhaneh » où le combattant s’entraîne avec un énigmatique instrument en bois. L’aspect insolite, voire menaçant de cette culture semble avoir tout particulièrement retenu l’attention de Kozyrev. Dans sa photo de la milice populaire Basij à l’entraînement, et surtout dans cette photo où des ombres féminines noires s’agitent sous un plafond orné de quincaillerie argentée. Son objectif capture le visage d’une femme âgée, déformé semble-t-il par la détresse, et dont la peau prend une couleur de terre cuite.

Sergueï Kaptilkine ne participe que par deux photos datant de 2005, dont l’une, amusante, illustre l’entraînement d’officiers en uniforme de parade pataugeant dans la neige.

Présente lors du vernissage, la ravissante Rena Effendi a voulu montrer un visage jeune et universel de l’Iran, à travers les portraits de la bohème. Son reportage effectué en 2011 présente des clichés en noir et blanc, posés ou saisis à la dérobée. Tel styliste posant sur une Cadillac, telle actrice de théâtre en coulisse, de beaux yeux noirs, des jeunes des deux sexes se draguant depuis le volant de leurs voitures.

Mirzoyan s’est concentré sur l’underground musical de Téhéran, avec des portraits de ses acteurs, groupes de rock, producteurs, et l’étonnant portrait d’un certain « Hossein » debout au fond de sa piscine vide, arborant un rictus énigmatique.

« C’est l’Iran telle qu’elle vit aujourd’hui, sans l’enlaidir avec des sous-entendus politiques, sans l’embellir non plus par des cartes postales touristiques » résume Larisa Grinberg.

Emmanuel Grynszpan

Jusqu’au 21 mars

Gallerie Photographer.ru
Winzavod
4-th Syromyatnicheskiy pereulok, 1. str. 6, Moscow
+7 (495) 228-11-70

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