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Pushpamala N., The Drama of Three Women

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L’artiste indienne Pushpamala N. expose à la galerie Nature Morte de Delhi Avega – The Passion, un récit photographique sur trois figures féminines du Ramayana, une des deux épopées mythologiques indiennes en langue sanskrite rédigée entre le IIIe et le IIe siècle avant JC.

Avec cette nouvelle série, l’artiste poursuit sa réflexion sur les références iconographiques de la culture populaire indienne. Ici, elle se confronte au Ramayana, récit fondateur de l’hindouisme, connu et partagé par tous les indiens. Comme dans ses travaux précédents, elle se met elle-même en scène, interprétant tour à tour les trois principales héroïnes du récit.

Construit en trois sous-séries, il y a d’abord Abduction (l’enlèvement), l’histoire de la princesse Sita, épouse du roi-dieu Rama, enlevée par le démon Ravana.
Pushpamala N. s’inspire aussi bien de personnages du Kannada Company Theatre, forme de théâtre populaire du Karnataka très en vogue des années 1870 aux années 1950 en Inde, que de tableaux européens comme L’enlèvement des Sabines de Poussin (1634, Metropolitan Museum of Art, 1637, Le Louvre) ou comme le Cauchemar de Johann Einrich Füssli (1781, Detroit Institute of Arts).

Ce mélange d’inspirations variées, qui décuple l’intensité dramatique des images, est renforcé par la forme-tableau des photos, rectangulaires ou ovales, lesquelles rappellent les tondi de la Renaissance.
L’artiste associe volontairement ses images à la « grande peinture » dans une galerie transformée pour l’occasion en musée grâce aux murs peints en vert foncé ou beige.

Dans Intrigue, Manthara, la nourrice de la reine Kaikeyi, seconde épouse du roi Darsaratha et belle-mère de Rama, convainc cette dernière d’exiler Rama avant qu’il ne devienne roi d’ Ayodhya.
Les poses des deux femmes s’inspirent des tableaux du peintre indien Ravi Varma qui a lui-même illustré le Ramayana au XIXe siècle. Les décors quant à eux évoquent ceux des photos-studios des années 1920 à Bombay ou Calcutta.
Enfin ces scènes en noir et blanc font également référence au cinéma indien, tant ces images pourraient être des photogrammes tirés d’un film Bollywood des années 20.

Enfin, dans Seduction, le troisième portrait de femme, présenté sous forme de vidéo noir et blanc, Surpanakha, sœur du démon Ravana, se fait couper le nez et les oreilles par le frère de Rama ; Lakshmana, après qu’elle ait agressé Sita. Là encore, Pushpamala N. fait très directement référence au cinéma indien.

Avega – The Passion traduit l’extrême richesse de la culture indienne et la capacité des artistes contemporains indiens à s’en emparer pour en réinterpréter les codes et les archétypes. Pushpamala N. perpétue ainsi la vivacité d’une culture millénaire qui intègre sans heurt les canons de l’esthétique occidentale. Une symbiose parfaitement réussie et aboutit.

Pushpamala N., née en 1956 à Bangalore, vit et travaille entre Bangalore et Delhi. Diplômée en sculpture de l’université de Baroda, elle a également étudié la psychologie et l’économie à l’université de Bangalore.
Photographe et vidéaste, elle est régulièrement exposée en Inde, aux Etats-Unis et en Europe. En 2011, elle a participé à l’exposition Paris-Delhi-Bombay en présentant une série réalisée dans les Studios Harcourt.
Avega – The Passion est sa quatrième exposition personnelle à la galerie Nature Morte.

Sybile Girault

Pushpamala N.
Avega – The Passion, The Drama of Three Women
Jusqu’au 28 avril 2012
Galerie Nature Morte
A1 Neeti Bagh
New-Delhi, 110 049
Inde

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