La rapide modernisation et les bouleversements profonds de la société japonaise d’après-guerre s’accompagnent de l’essor de pratiques expérimentales dans tous les domaines artistiques. Une avant-garde très consciente de la vocation subversive de l’art en conteste les institutions, les méthodes et les réseaux traditionnels. Les années 1960 connaissent ainsi une explosion de pratiques performatives, dans un contexte de rébellion des artistes contre l’ordre établi et de « passage à l’acte ». Les artistes investissent l’espace public sous forme d’actions, interventions ou spectacles éphémères mettant en scène le quotidien. Contre toute récupération idéologique, ces actions n’en constituent pas moins une critique cinglante, souvent teintée d’ironie, de dérision ou d’humour noir, d’une société industrielle et médiatique condamnée à la fuite en avant.
Les photographies prises dans le cadre de ces actions abolissent la frontière entre productions documentaire et participative, mettant ainsi l’accent sur les aspects performatifs du médium. La notion d’expérience est au cœur de cette approche, rappelant fortement les pratiques des membres de Provoke : le photographe s’immerge dans la vie, et, par le prisme de son regard, traduit cette expérience « en » photographie. L’image obtenue ne véhicule aucun concept ou ne produit aucun autre sens que l’enregistrement mécanique d’une présence au monde.
Provoke, Entre contestation et performance
La photographie au japon 1960-1975
Jusqu’au 11 décembre 2016
Le Bal
6 Impasse de la Défense
75018 Paris
France
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