La collection Byrd Williams de l’université de North Texas contient plus de 10.000 tirages et 300.000 négatifs, accumulés par quatre générations de photographes texans, portant tous le nom de Byrd Moore Williams. Dès les années 1880, à Gainesville, les quatre Byrd ont photographié des clients en studio, des paysages urbains, des scènes de crime, les soldats de Pancho Villa, des télévangélistes et tout ce qui suscitait leur curiosité ouverte et imprévisible.
Lorsqu’elle a récemment acquis la collection de photos familiales Byrd Williams, la bibliothèque de l’Université du Nord du Texas a entamé un travail considérable. Avec des dizaines de milliers de tirages, plus de 300.000 négatifs et une multitude de manuscrits et d’objets, la collection retrace plus d’un siècle d’histoire du Texas et au-delà. C’est aussi une collection quasi inégalée, un «oiseau rare» dans l’histoire moderne du médium : de vastes archives qui englobent plusieurs générations d’une dynastie de photographes.
Il s’agit des archives de quatre générations directes de pères et fils, qui ont en commun leur nom de famille, Byrd Williams, et leur passion et leur engagement continu dans le domaine de la photographie. C’est un dépôt fascinant d’images, accumulées depuis plus d’un siècle et conservées durant ces dernières décennies par le dernier photographe de la lignée, Byrd Williams IV. En effet, avant que la collection ne fasse son long voyage pour l’université de North Texas, Byrd IV a supervisé son stockage et ses déménagements dans au moins 18 lieux différents : maisons, garages, bureaux, placards, chambres d’invités, entrepôts, studios et espaces locatifs. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un exemple unique de collection généalogique, celle-ci reflète l’engagement passionné de Byrd IV pour la saga de ses ancêtres, ainsi que le voyage remarquable des archives en route vers l’institution qui va finalement les accueillir.
Contrairement à d’autres archives photographiques du Texas, vous ne trouverez pas dans la collection de la famille Byrd Williams un monceau d’images disparates de cow-boys et de bétail : la grande majorité des photographies transcendent les clichés romantiques et les idées fausses, conformes à ce que certains appellent la «photographie du Texas». Si les Byrd ont bien fait leurs débuts chez eux, et plus tard dans leur studio, ils n’ont cessé par la suite de sortir et d’aller dans le monde avec leur appareil photo. Les Byrd, en commençant par le Texas, ont toujours utilisé leurs appareils photo pour documenter et interpréter une vision du monde qui s’est élargie au cours des 120 dernières années. Leurs photographies vont bien au-delà de leurs seuls sujets, pour faire place à leurs préoccupations et à leurs intérêts personnels. Regardez les innombrables variations sur le thème de l’image documentaire : les vues du bazar de Byrd I à Gainesville, les cartes postales de Byrd II de l’Ouest américain, la diversité des scènes de rue ou des professions photographiées par Byrd III, et les travaux documentaires et conceptuels de Byrd IV. Ce que vous découvrirez – c’est ce qui se produit souvent dans les archives régionales de qualité des meilleurs photographes – c’est un ancrage fort dans un lieu, ainsi qu’un désir de témoigner plus globalement des habitants et des transformations culturelles de ce lieu.
En choisissant les photos de ce volume, Byrd IV a établi un certain nombre de comparaisons entre l’imagerie de tous les Byrd, avec des pages qui juxtaposent sujets, genres, projets, thèmes et styles en les contrastant. Le processus est fascinant – en partie parce qu’il nous invite à étudier les images de près, à les évaluer et les comparer, mais aussi parce qu’il démontre le pouvoir de la photographie sur ces pères et fils. Tous les Byrd, en dépit des différences dans leurs choix de carrière et des changements culturels et technologiques survenus d’une époque à l’autre, sont venus à la photographie dès leur plus jeune âge et ont continué à lui faire jouer des rôles significatifs, mais disparates dans leur vie. Evaluer le rôle universel que la photographie a joué pour l’humanité au cours des deux derniers siècles – et continue à jouer aujourd’hui – est une tâche probablement impossible. Mais si nous nous attachons plus précisément à son impact retentissant sur ces quatre générations d’une même famille, il est possible que cela nous fournisse un cadre à échelle humaine, qui nous permettra de mieux comprendre le pouvoir transformateur et durable des arts photographiques.
De même que les Byrd ont créé leurs photographies, la photographie a influencé les Byrd à tour de rôle. Et aujourd’hui, c’est le tour des photographies de leurs archives de continuer à influencer tous ceux qui regardent aujourd’hui ces œuvres d’un œil neuf. Il s’agit là d’une tradition séculaire, que ce soit la coutume familiale de transmettre quelque chose d’intime et de personnel à ses descendants, ou de l’idéal universel de l’histoire : tenter d’améliorer le genre humain. Que la photographie continue à tisser son fil lumineux dans nos vies. Car, avec chaque photographie qui peut être conservée et ne pas tomber dans l’oubli, une promesse peut être tenue : il s’agit non seulement de préserver la vérité du passé, mais aussi d’ajouter à notre présent et notre avenir un contenu profond, une plénitude de sens.
Roy Flukinger
Roy Flukinger est conservateur en chef du département de recherche et des lecteurs à l’Université du Texas à Austin.
Proof (Preuve): Photographies de Quatre générations d’une famille du Texas
Byrd M. Williams IV
Publié par UNT Press
39,95 dollars
https://untpress.unt.edu/catalog/3718