Rechercher un article

Pierre Jahan

Preview

Né en 1909, Pierre Jahan fait partie d’une génération de pionniers de la photographie qui considèrent cette dernière non plus comme pratique scientifique ou technique, mais comme un art à part entière. Mort en 2003, Pierre Jahan traverse le siècle. Il rejoint Henri Cartier-Bresson, Man Ray, Lee Miller, Robert Doisneau, ou Alfred Stieglitz de l’autre côté de l’Atlantique dans la quête de reconnaissance de la photographie, avec ses propres possibilités plastiques et expressives.

Toutefois, Pierre Jahan reste une personnalité protéiforme et inclassable de cette génération, ne revendiquant jamais de dogme, préférant toujours garder sa liberté. Il est initié très tôt à la photographie, « dès que je fus en mesure de tenir un appareil photographique, c’est là que j’eus envie de faire des images », comme il le témoigne dans ses mémoires. Les photographies de Pierre Jahan oscillent entre les prises de vue réalistes et l’expérimentation. Il a le rare talent de pouvoir se glisser avec légèreté entre les mondes parfois disparates du photoreportage, de la publicité, de la photographie humaniste et même de la fantaisie surréaliste. Néanmoins, le vocabulaire photographique de Jahan montre toujours un sentiment d’émerveillement poétique du monde, dans ses clichés de Paris pendant la nuit, ou dans ses nus pleins de sensibilité créés pour illustrer Plain-Chant, le recueil de poèmes de Jean Cocteau.

Installé définitivement à Paris en 1933, Jahan se fascine pour la ville qu’il découvre : « J’ai de tout temps aimé la nuit… mais combien différentes de mes clairs de lune sur la Loire étaient les lumières de la ville ! Un Paris nocturne aussi vivant que le Paris diurne. En 1933, en quasi-totalité, la cité était faite de pierre, cette pierre qui, de jour comme de nuit, sait si bien refléter la lumière ».

Il rejoint des photographes comme Brassaï, Doisneau et Cartier-Bresson dans la quête de donner à voir un Paris autrement, dans toutes ses facettes. Deux rencontres deviennent fondatrices pour Jahan à cette époque : celle de Raymond Gid, directeur d’un atelier publicitaire, et d’Emmanuel Sougez, avec qui il fonde le groupe du Rectangle, groupe photographique pour la diffusion et la défense de la photographie. Durant toute sa vie, Jahan participera de manière active à la défense de la pratique photographique, à travers des associations comme le Rectangle, le Groupe des XV, mais aussi par son engagement actif dans des syndicats comme l’ANPPM ou la FAPC.

Pierre Jahan rencontre Jean Cocteau en 1941, à l’occasion d’un reportage photographique sur les écrivains du Palais-Royal. C’est le commencement d’une longue amitié, et de collaborations artistiquement fécondes. Les deux publient en 1946 La Mort et les statues, reportage poétique sur la destruction des statues sous le régime de Vichy. En 1947, Jahan illustre les poèmes de Plain-Chant, même si le livre ne trouvera d’éditeur que tardivement. La force de Jahan en tant que photographe est d’illustrer un recueil de poèmes d’amour avec sensualité et érotisme, tout en échappant à un regard voyeur. Si les débuts du nu en photographie tirent souvent vers la pornographie, pour Plain-Chant, Pierre Jahan échappe à cet écueil, donnant une vision sensuelle et sensible. Il plonge dans l’intimité du couple. « Avant chaque photo, je leur lisais le texte que je voulais illustrer » témoigne l’artiste. Marcel Natkin qualifie, dès 1949, ces photographies comme « le nu poétique ».

C’est par l’intermède de Jean Cocteau que Pierre Jahan découvre, d’une certaine manière, le surréalisme. En 1938, il assiste déjà à la première Exposition Internationale Surréaliste. Il est vrai que l’artiste ne signe jamais de manifeste surréaliste, ni n’expose dans leurs expositions de groupe, contrairement à Dora Maar ou Claude Cahun. Néanmoins, Pierre Jahan développe sa propre vision du surréalisme. C’est une vision moins fondée sur les jeux visuels parfois cruels du mouvement, mais sur une conception ludique et poétique. Il partage avec Cocteau la fascination pour la figure de l’ange. 

« Le surréalisme… tire grand parti de l’équivoque et se prête à nombre de transpositions » disait André Breton. Je pense que le photographe qui tant suggère, décrit ou trouve (s’il a le devoir de ne jamais falsifier) a aussi le droit d’utiliser ses clichés comme un matériau susceptible d’engendrer le Rêve. Le Surréalisme est souvent dérisoire ou cruel, pourquoi ne pourrait-il pas être aimable et poétique ? » s’interroge Pierre Jahan.

 

Fin janvier, des photos surréalistes de Pierre Jahan seront exposées à Bruxelles, par la Galerie Cazeau lors de la BRAFA (28 janvier au 4 février 2024) et à la Galerie Victor Le Fell lors du Photo Brussels Festival (25 janvier au 25 février 2024).

Retrouvez les photos et l’actualité Jahan sur www.pierre-jahan.com et sur Instagram pierre_jahan_officiel

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android