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PHotoEspaña 2013: Interview Claude Bussac

Claude Bussac est directrice du Festival PHotoEspaña depuis 2007.

Claude, tu ouvres, la sélection officielle du festival Photo pour le Journal de la Photographie, quels sont les points les plus forts en expositions qui entraînent le public dans les rues de Madrid ?

Je pense que les points forts du festival cette année, se trouveront surtout autour du « Circulo de Bellas Artes », de La Fundacion Telefonica et de l’Academia Real de Bellas Artes de San Fernando, nous aurons à la fois des expositions de grands classiques de la photographie comme Edward Weston et Harry Callahan, mais aussi une exposition de photographes féministes des années 70, une grande exposition collective, au Circulo de Bellas Artes. A la fois aussi, à Telefonica, une exposition de Shirin Neshat, l’artiste iranienne, disons à la fois une artiste très importante, une artiste visuelle et contemporaine, des artistes, de grands photographes classiques, des collectives et un petit peu dans l’esprit habituel du festival où on essaie à la fois de montrer de grands noms de la photographie mais aussi des artistes émergents dans la même sélection, pour n’en citer qu’un parmi ces trois lieux, un photographe mexicain qui s’appelle Fernando Brito au « Circulo de Bellas Artes ».

Le thème de l’édition 2013 c’est le corps, n’est-ce pas ?

Oui, c’est ça… LE CORPS, EROS et POLITIQUES… Gerardo Mosquera le commissaire général du festival parle à la fois du corps comme champs de bataille, à la fois le domaine de Eros et de Ares, à la fois le domaine de l’amour et de la guerre un petit peu comme moyen de représentation sociale, moyen de représentation d’érotisme mais pas simplement d’érotisme, c’est pour ça que la présence dans la programmation d’artistes comme Shirin Neshat ou, comme je disais tout à l’heure, de Fernando Brito qui fait un travail sur les assassinats au Mexique, sur les corps mais sur les corps que les mexicains appellent les « muertitos » c’est aussi une façon de travailler sur le corps… Ou encore les féministes dont le travail apporte une façon d’exprimer des revendications sociales à partir de leur corps, mais aussi tout l’érotisme que représente le travail de Weston et Callahan.

Ça donne donc un éventail très très large aux styles de photographies finalement ?

Oui en effet mais tout en ayant un fil conducteur, un peu ce que fait PHoto España tous les ans, c’est un festival qui est très grand, nous avons 74 expositions cette année à nouveau, dans la programmation officielle nous avons 19 expositions dans la thématique du festival, plus 6 expositions en projets invités. C’est une programmation très large mais qui permet à la fois de croiser des publics, qui permet d’associer à notre projet plusieurs institutions madrilènes mais surtout ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir faire dialoguer des artistes de générations différentes ou de styles différents.

Le festival se déroule cette année sur Madrid, Alcalá de Henares, Alcobendas, Cuenca, Lanzarote et Zaragoza en Espagne? Depuis quand ces villes participent- elles à PHE ?

Cuenca participe à PHE depuis 7 ans déjà, Alcala de Henares depuis 5 ans et Alcobendas depuis l’an dernier, donc dans le cas de Alcala et de Alcobendas, ce sont des villes qui appartiennent à la communauté de Madrid et dans lesquels nous organisons les programmes pédagogiques. A Alcobendas nous organisons les lectures de portfolio et à Alcala le campus « Grandes Maestros » (Les Grands Maîtres). Cuenca par contre était notre seule ville disons un petit peu plus éloignée, on avait un mini festival, c’est un peu notre petite antenne du festival. Lanzarote et Zaragoza cette année c’est nouveau et c’est un peu dans le même esprit que Cuenca, c’est à dire que nous nous sommes penchés sur l’ouverture du Festival, lui donner une étendue qui réponde à son nom PHoto España. C’est à dire que pendant 15 ans le festival s’est surtout centré sur Madrid, il restera toujours le grand événement qui a lieu à Madrid chaque année, mais cette année on a essayé, on a commencé à…

A en faire un festival national ?

Oui, mais on le fait avec prudence parce que… C’est vrai que jusqu’à présent on se résistait un petit peu et je crois que la crise économique a été peut être une des raisons pour lesquelles on a… je crois que ça nous a appris à tous à travailler plus en commun, à trouver plus de synergies… Il y avait plusieurs villes qui déjà nous avaient sollicités pour recevoir PHoto España dans leur ville ou pour pouvoir avoir des activités qui soient de PHE, cette année peut être on a décidé de faire le pas. Donc sur Lanzarote on n’aura qu’une exposition et un atelier, un « photowalk », un atelier sur plusieurs jours dans la ville et à Lanzarote il n’y aura que des activités pédagogiques liées au paysage. Notre intention pour ces deux nouvelles villes c’est de travailler sur le moyen terme, de travailler comme on l’a fait avec Cuenca même si à Cuenca on a moins d’expositions que ce qu’on a eu par le passé pour des raisons purement économiques

Au niveau international, je vois Prague… Comment s’est construite la bilatéralité ? Vous présentez une exposition de Frantisek Drtikol à la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando. Un choix bien compréhensible par rapport à la thématique du corps mais au-delà du thème…

Dans ce cas-là, depuis quelques années, vous le savez sans doute, PHoto España a essayé d’avoir toujours ce pied international et d’inaugurer PHoto España à l’étranger, pendant de nombreuses années on l’a fait au Portugal, une année il nous est arrivé d’avoir une exposition au Festival d’Arles, une exposition de Alberto García Alix, ça fait maintenant 7 ans qu’on essaie d’avoir, pendant le festival, une exposition à l’étranger. On travaille beaucoup avec l’étranger pour les prêts d’oeuvres, pour les coproductions ou pour nos expositions qui font des itinérances, ça nous plaît de faire ça, ça plaît à nos partenaires et ça crée toujours des liens beaucoup plus agréables. Dans le cas de la République Tchèque, c’est vrai que c’est à partir de l’exposition de Frantisek Drtikol que la collaboration s’est faite avec l’Institut Tchèque de culture de Madrid et le Ministère des Affaires Etrangères Tchèque nous a proposé de faire une exposition à Prague, donc nous avons décidé de présenter le prix « descubrimiento » (Découverte) de l’an dernier, Yaakov Israel et voilà, donc nous avons fait cette exposition. Parallèlement, nous avons commencé cette année un programme avec les Instituts Cervantes qui consiste en une exposition qui s’appelle PHE ITINERA, une exposition que nous produisons avec l’Institut Cervantes dans l’idée de la rendre itinérante sur la plupart des instituts Cervantes dans le monde tout au long de l’année, au moins pendant l’été et d’arriver jusqu’à l’automne, c’est ce qu’on a fait avec l’exposition « Leopoldo Pomés y Carlos Saura: Retratos » à l’Institut Cervantes de Prague. Donc ces deux expositions ont coincidé à Prague, ce qui nous a fait décider de faire l’inauguration de PHoto España à Prague cette année.

Vous annoncez également un PHotoEspaña.br donc au Brésil pour l’automne à Sao Paulo d’Ocobre à Décembre 2013?

Oui, ça c’est un projet aussi qui pour moi est très important parce que c’est un petit peu le résultat de plusieurs années de travail en Amérique Latine, vous savez que nous avons un programme qui s’appelle Transatlantica , tous les automnes on fait au moins deux lectures de portfolio en Amérique Latine, en général dans deux pays et on voit le résultat de ces lectures de portfolio à Madrid ensuite, en général cela se déroulait à l’Institut Cervantes mais cette année ce sera à la Tabacalera, voilà, je crois que ça fait 6 ans qu’on fait ça et qu’on est très présents en Amérique Latine au travers de ce programme de lecture de portfolios et de rencontres de critiques aussi, de théoriques autour de la photographie. Et cette année une des institutions culturelles les plus importantes du Brésil, le SESC de Sao Paulo, une institution privée à vocation publique qui depuis 66 ans mise sur la culture et l’éducation pour le progrès social… Le SESC donc nous a invité à faire un PHotoEspaña.br et donc ça consistera en 3 ou 4 expositions dont une qui sera en plein air, une lecture de portfolios, plusieurs ateliers et on inaugurera le 23 octobre jusqu’à fin décembre.

Quelles ont été les découvertes de l’édition 2013 par le biais de la recherche thématique sur le corps et quels sont tes coups de coeur par rapport à toutes ces découvertes ?

Les grands coups de coeur de cette édition 2013, sans hésiter, même si j’ai l’air d’hésiter parce que j’essaie d’être prudente, ça a été certainement ces coups de coeur d’Europe de l’Est. On parlait de Drtikol tout à l’heure, ou d’avoir cette exposition de Violeta Bubelyte, la photographe Lithuanienne qu’on a au Museo Nacional del Romanticismo ou encore le photographe polonais (Zbigniew Dlubak) que nous avons au « Circulo de Bellas Artes », constitue certainement de grandes découvertes pour PHotoEspaña. Toute cette Europe de l’Est est largement représentée, de la même manière qu’en 2012 la programmation était plutôt orientée vers l’Asie, en 2013, ce serait ce côté Europe Centrale qui est un peu la particularité du Festival.

On va finir sur toi, tu es directrice du Festival PHotoEspaña depuis 2007, auparavant tu étais à la Casa de Velazquez, au “Circulo de Bellas Artes” de Madrid, au Festival de Théâtre Classique d’Almagro et au Festival d’Automne de Madrid (arts scéniques), comment s’est introduite la photographie dans ton parcours artistique et culturel ?

Bon, je viens oui de la Casa de Velazquez et du Circulo de Bellas Artes où j’ai passé dans les 2 cas 6 ans et 7 ans. Le Festival d’Almagro, j’y ai passé trois mois, c’est pas du tout la même chose. Oui en fait je travaillais, quand je suis arrivée en Espagne, il y a donc 22 ans maintenant, je travaillais au début surtout pour le Festival d’Automne de Madrid qui est un festival de musique, théâtre et danse. Je viens de la gestion culturelle donc j’ai commencé par ça dans mon travail à Madrid. La photographie comme les arts plastiques, les arts visuels ont toujours été dans mon parcours puisque j’ai fait des études d’Histoire de l’Art en plus de la gestion culturelle et j’ai toujours été très proche des arts visuels même si dans mon parcours j’ai eu un moment cette relation professionnelle avec les arts de la scène. Donc elle ne s’est pas introduite à un moment donné, je ne suis pas commissaire, même si à l’époque de la Casa de Velazquez j’ai fait beaucoup de commissariat d’exposition, je me sens plus à l’aise dans un rôle de gestion culturelle. Donc je ne saurais pas dire à quel moment la photographie, j’ai l’impression que la photographie a toujours été dans mon parcours artistique, je crois que ce qui est intéressant de la photographie et ce qui m’intéresse c’est la photographie en soi, c’est la photographie dans ce qu’elle a comme langage contemporain et sa relation avec les autres formes d’art ou les autres formes d’expressions. La photographie n’a pas été un tournant donc je ne la situe pas vraiment dans le temps mais quand j’ai commencé à travailler au Circulo de Bellas Artes, à l’époque, je travaillais d’ailleurs avec Alejandro Castellote le premier commissaire de PHotoEspaña, le Circulo était la seule institution qui programmait de la photographie et à l’époque on était, on travaillait fort pour que la photographie trouve son espace de représentation, j’étais directrice adjointe du Circulo quand le Festival Photo España a commencé et…

En fait tu participes à l’expansion pionnière de la photographie dans le panorama culturel et artistique de la ville avec le Circulo de Bellas Artes ?

Oui, je ne sais pas si personnellement je fais partie des pionniers mais en tout cas, j’ai eu cette chance oui de travailler dans une institution qui était vraiment pionnière dans la promotion de la photographie, de coïncider dans un poste à responsabilités à un moment où s’est lancé ce magnifique festival et où le Circulo a eu un rôle à jouer puisqu’il était une institution centrale pour le festival au commencement et après effectivement, pendant les 7 années que j’ai passé à la Casa de Velazquez, dejà la photographie avait trouvé son essor, c’était une autre époque mais c’est vrai que les espaces de promotion pour la photographie étaient alors limités en 1994, PHotoEspaña voit le jour en 1998…

Propos recueillis par Lola Fabry

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