L’un de nos correspondants Jean-Paul Gavard-Perret vient de nous envoyer 2 de ses coups de coeur. Voici Philippe Litzler : voyages, voyages.
Philippe Litzler (directeur de OpenEye) ne cherche pas à donner des lieux qu’il visite une vision touristique. La sienne est plus impertinente et se rapproche des êtres au sein des paysages quotidiens. Il refuse toujours de sacrifier à la caricature. Il lui préfère la tendresse non sans beauté et humour. Les deux sont distillés par les jeux de lignes et les couleurs.
Il existe ni nostalgie, ni mélancolie. Les vies se croisent hors saison : et ceux qui traversent les images vaquent à leurs occupations. Litzler sait les attendre comme il patiente pour que la lumière soit parfaite. Mais tout est créé sans prétention. Le photographe se laisse guider par ce qu’il ressent. Jouant sur des formes aussi complexes que simples, il propose des suites de variations avec supplément d’image d’un côté, supplément de réalité de l’autre : il s’agit d’une appropriation où divers thématiques se croisent.
Le photographe semble la plupart de temps s’amuser à casser les souverains poncifs du portrait, du paysage. Tout reste touchant en un jeu ironique. Le photographe a compris que la déconstruction n’avait plus rien à déconstruire. Il convient de passer à quelque chose de plus sérieux : le jeu des espaces et des temps dans le trajet de vie infime. La notre donc. Elle suffit à inventer un monde.
Bref Philippe Litzler permet d’atteindre ou de pénétrer ce qu’il en du paysage et de ses « creux ». La simplicité préside à la sophistication. Mais l’inverse est vrai aussi. Par moments provocatrice (toujours subtilement et de manière aporique) l’artiste feint parfois de sacraliser le paysage tout en lui conférant un caractère quasiment nul et non avenu. Et ce en un désir d’approcher au plus près avec humour implicite celles et ceux qui l’habitent ou le visitent.
Jean-Paul Gavard-Perret
Voir Site OPENEYE www.openeyelemagazine.fr