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David Zwirner présente une exposition de photographies de Philip-Lorca diCorcia à Paris. L’exposition présente une sélection d’images tirées des séries réalisées par l’artiste pour W Magazine entre 1997 et 2008, et comprend notamment des images inédites.
Philip-Lorca diCorcia s’est imposé dans les années 1980 en tant que représentant d’une nouvelle génération de photographes qui cherchaient à explorer et à dépasser les limites du médium. Au cours des trois dernières décennies, il a été reconnu pour ses photographies méticuleusement scénographiées et réalisées, mettant en scène une variété d’individus parmi lesquels des amis, des membres de sa famille, des anonymes, des pole danseurs ou des racoleurs. Mettant en scène ses sujets dans des positions et des univers très construits bien qu’apparemment fortuits, diCorcia produit des images à l’opposé d’instantanés candides, explorant plutôt la tension entre pose et naturel, hasard et destinée. Tout à la fois documentaire et théâtral, son travail évolue dans les interstices entre fiction et réalité.
À partir de 1997, diCorcia entreprend des voyages à travers le monde en vue de produire des séries de photos pour W Magazine. Mettant en scène ses propres mannequins professionnels ou des personnes rencontrées sur les lieux par hasard, ces images tissent des récits chargés d’histoires. Elles semblent parfois éloignées des codes esthétiques de l’industrie de la mode qui mettent traditionnellement l’accent sur la beauté et sur l’harmonie. À la place, elles impliquent un équilibre délicat entre glamour et audace, rêverie et ironie. Photographiant à Bangkok, au Caire, à La Havane, à Los Angeles, à New York, à São Paulo et à Saint-Pétersbourg, diCorcia créé des séries très distinctes qui regorgent de significations ambiguës et de connotations fortes tandis que les personnages apparaissent et réapparaissent dans une myriade de décors.
Bien que ces images tirent leur substance de la vie quotidienne, il semble qu’il y ait en elles une dimension symbolique par laquelle elles transcendent leur présentation vive et frontale. Comme le note l’écrivaine Mary Gaitskill à propos de ces séries, « ces images sont très différentes dans leurs lieux et dans leur « histoire » la plus visible. Ce qu’elles partagent réside dans la profondeur de leur champ, le sentiment qu’il y a en elles une histoire bien plus grande et bien plus étrange que diCorcia nous permet d’appréhender, comme nous appréhendons brièvement, souvent sans même nous en rendre compte ou sans nous en soucier, la vie intérieure d’un inconnu ou le bourdonnement inhumain de la nature. Il paraît évident qu’il porte son attention sur le jeu des structures sociales, la fiévreuse individualité de la vie humaine – mais l’élémentaire, tel qu’il est exprimé physiquement, aperçu visuellement mais finalement indéfinissable, est, quant à lui, discrètement mais somptueusement présent dans son travail ».[1]
La sélection d’œuvres présentées dans l’exposition comprend l’une des images les plus emblématiques de la série, une photographie mettant en scène l’actrice Isabelle Huppert dont le visage se détache de la foule des passants d’une rue parisienne bondée et plongée dans l’obscurité. Une autre image caractéristique de la série a été prise à New York en 2000 et semble représenter une famille aisée déjeunant au sommet d’une des tours du World Trade Center, la seconde tour étant visible par les baies vitrées. Une autre image encore jamais exposée est une photographie de 1998 prise à Los Angeles dans l’intérieur obscur d’une cabine d’avion avec la présence d’une femme seule debout, un sentiment d’inquiétude sur le visage. Une image prise au Caire en 2008, également exposée pour la première fois, montre deux figures assises sur un bâtiment inachevé ou partiellement démoli avec les pyramides de Gizeh en arrière-plan.
L’ensemble des œuvres présentées illustrent l’engagement critique et le détachement de diCorcia vis-à-vis des attentes traditionnelles liées au genre photographique. Hautement stylisées et méticuleusement élaborées, elles sont tout à la fois de somptueuses représentations visuelles de la maîtrise technique de diCorcia et des réflexions évocatrices sur la classe, la société et le statut de l’image photographique dans la culture contemporaine.
Né en 1951 à Hartford dans le Connecticut, Philip-Lorca diCorcia a étudié à l’école du Musée des Beaux-Arts de Boston et fut diplômé en 1979 de l’Université de Yale, New Haven, Connecticut. Sa première exposition individuelle fut organisée au MoMA de New York en 1993. David Zwirner représente son travail depuis 2007 et il s’agit de la 7ème exposition personnelle présentée par la galerie. En 2011, ELEVEN, une édition complète reprenant l’intégralité des onze séries photographiques réalisées par diCorcia pour W Magazine fut publiée par Freedman Damiani. La publication de cet ouvrage coïncidait avec une exposition éponyme d’une sélection d’images tirées des séries à la galerie David Zwirner de New York.
D’importantes expositions personnelles de diCorcia ont été organisées par le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid (1997), par le Sprengel Museum de Hanovre (2000), par la Whitechapel Gallery de Londres (2003), par le Foam Fotografiemuseum d’Amsterdam (2006), par l’Institute of Contemporary Art de Boston (2007) et par le Los Angeles County Museum of Art (2008).
En 2013, la Schirn Kunsthalle de Francfort a organisé une importante rétrospective sur l’ensemble de la carrière de diCorcia qui a notamment rassemblé plus d’une centaine de photographies issues de six séries. L’exposition fut ensuite présentée la même année au musée De Pont de Tilburg aux Pays-Bas, puis au Hepworth Wakefield en Grande-Bretagne en 2014. Elle reste à ce jour la présentation la plus complète de son œuvre en Europe. En 2012, une sélection de tirages de diCorcia fut présentée dans le cadre de la grande rétrospective consacrée au peintre américain Edward Hopper au Grand Palais, à Paris.
Les œuvres de diCorcia sont conservées dans les plus grandes collections publiques internationales et notamment au Centre Georges Pompidou, Paris ; au De Pont Museum, Tilburg, Pays-Bas ; au Los Angeles County Museum of Art ; au Metropolitan Museum of Art, New York ; au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid ; au Museum of Contemporary Art, Los Angeles ; au Museum of Modern Art, New York ; à la National Gallery of Art, Washington, DC ; au National Museum of Modern Art, Tokyo ; au San Francisco Museum of Modern Art ; au Solomon R. Guggenheim Museum, New York ; à la Tate de Londres ; au Victoria and Albert Museum de Londres ; et au Whitney Museum of American Art de New York. Philip-Lorca diCorcia vit et travaille à New York. Il enseigne à l’université de Yale de New Haven, dans le Connecticut.
[1] Mary Gaitskill, “On Philip-Lorca diCorcia,” in Eleven: W Stories 1997–2008 (Bologne, Italie: Freedman Damiani, 2011), n.p.
Philip-Lorca diCorcia
Du 26 mars 26 au 23 mai 2020
David Zwirner
108, rue Vieille du Temple Paris