La dernière exposition de Pete Kelly, intitulé Back in Blighty (Retour au pays)1 visible en ce moment à la Galerie Robin Rice à New York, présente admirablement la verdure luxuriante, le paysage diversifié et la lumière toujours changeante du paysage britannique. Le photographe nous invite à l’accompagner dans ses expéditions dans tout le pays, alors qu’il met en lumière les aspects captivants et exceptionnels du paysage. Il en saisit les bizarreries : des personnages solitaires qui se prélassent au soleil, la silhouette d’un dogue allemand qui gambade dans le brouillard, des vestiges subtils d’une époque révolue. La façon tout à fait unique et pittoresque qu’a Kelly de mettre en scène ses images donne un caractère mythique à ses sujets, car il sait créer une atmosphère mystérieuse qui définit l’expérience des spectateurs.
Kelly combine chaque image avec plusieurs couches de photographies de textures. Le résultat final rend hommage aux peintres romantiques anglais du paysage comme J.M.W Turner et Constable. Kelly applique du vernis et utilise ensuite de la cire encaustique photographique sur ses tirages. Il enveloppe ses tirages aux pigments d’archive dans de la cire d’abeille et de la résine Damar : la sève des arbres sous sa forme la plus pure. Les Egyptiens de l’Antiquité avaient déjà constaté que ces composantes organiques présentaient des qualités de conservation, et leur utilisation rend inutile celle du verre par-dessus les photos. Ce procédé atténue l’impersonnalité des fichiers numériques bruts et fait de chaque image un tirage unique. Combinant les technologies modernes de prise de vue et de tirage avec des techniques artisanales anciennes, Kelly parvient à créer un art tactile, archivistique et organique.
Dans une image intitulée Brabyn’s Autumn (L’automne de Brabyn), il examine la relation contemporaine, à la fois perturbatrice et complémentaire, de l’homme avec son environnement, et se concentre sur une sérénité qui ne se manifeste que lorsque l’homme et la nature réussissent à coexister. Les petits personnages, les animaux et les maisons qu’il repère dans le paysage intéressent particulièrement Kelly. En utilisant la nature comme outil pour accentuer l’échelle et la perspective, Kelly réussit bien à mettre en valeur l’essence grandiose de la nature, qu’il contraste avec la présence insignifiante de l’homme. Ces petits personnages dépeints dans un vaste paysage nous donnent la mesure de l’insignifiance de nos propres expériences et souvenirs.
Pete Kelly, Back in Blighty
Du 3 mai au 25 juin 2017
Robin Rice Gallery
325 West 11th Street
New York, NY 10014
Etats-Unis
Http://www.robinricegallery.com/
(1) Blighty est un terme affectueux et un peu suranné désignant la Grande Bretagne ; il a été utilisé surtout par les soldats britanniques pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.