Au sein de ces grandes tranches de réel que nous donne à voir Stéphane Couturier, ce qui anime cette réalité composite, c’est une sorte de « prolifération articulée » de formes, textures et matières. A ce titre, les photographies de Couturier, leur hyperréalisme, la coupe qu’elles opèrent dans un réel hybride, nous fournissent le modèle d’une nouvelle expérience du regard. Face à elle, il nous faut réapprendre à voir. Non pas à regarder, mais à voir : il n’y a rien à chercher, rien à identifier, mais tout à embrasser.
Refusant tout déterminisme du médium, mêlant procédés argentiques et numériques, la photographie est conçue comme la captation d’un possible. L’enregistrement minutieux que permet le médium est détourné de sa fonction de preuve : la photographie n’atteste plus, elle invente. Elle reconfigure, à même le réel, sans cesser de le répertorier, d’autres mondes possibles : ceux que recèle le changement de perspective induit par la médiation de l’œil de l’appareil, ceux qu’accentuent les choix subtils d’une logique modulaire.
Pluralisant les perspectives, la photographie se fait le vecteur d’un pouvoir exploratoire de la fiction, nous décrivant un réel qui s’invente à mesure.
Ingrid Luquet-Gad
Stéphane Couturier – Galerie Particulière, Stand B30
A Paris Photo 2016
Du 10 au 13 novembre 2016
Grand Palais
Paris, France