La Galerie Cécile Fakhoury propose pour sa première participation à Paris Photo une exposition de l’artiste franco-ivoirien François-Xavier Gbré. Constituée d’une sélection de ses photographies réalisées entre 2011 et 2015 en Afrique de l’Ouest, elle met en rapprochement une installation de 85 photographies en petits formats sur l’évolution de la cité de Bamako, deux grands tirages de paysage et une vue intérieure. Sur la partie extérieure du stand, un mur en trompe l’œil d’une friche industrielle nous rappelle que le travail de ce photographe tisse des liens entre des continents.
Un mur entier est composé de détails, de vues plus larges et de paysages-matières. L’installation dévoile la vision cartographiée de l’artiste, dans laquelle il relie entre eux des espaces, des monuments et des mémoires. Le 20 janvier 2012, l’armée malienne fête son 50ème anniversaire et les officiels inaugurent en grande pompe l’Avenue des armées aux sonorités de la fanfare nationale réanimée pour l’occasion. L’avenue des armées se fait le symbole d’une force militaire puissante, puisqu’ici le monumental et les signes de la victoire s’imposent. Paradoxe, alors même que le Mali entre dans l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Cinquante ans après les indépendances, les états africains écrivent leur mémoire à travers une esthétique qui bien souvent est d’inspiration étrangère.
François-Xavier Gbré nous livre d’autres histoires des lieux qu’il a traversés, en images frontales et en grand format. L’appartement du directeur de l’ancienne imprimerie nationale de Porto-Novo au Bénin témoigne d’un faste qui ne résiste pas à l’abandon. Cette photographie fixe l’instant avant la perte matérielle. Puis, un aller-retour vers l’extérieur, avec un cliché de Ségou, le paysage sableux au milieu duquel semble être sculpté un mur vide. Un récit où la terre est rouge, le mur est poussière et où l’Harmattan crée le mystère. Le travail de François-Xavier Gbré raconte l’autre, le caché, dans un espace et un temps arrêté. Une autre séquence s’ouvre sur un bâtiment aux couleurs franches, pris en pleine lumière. En bord de route, cette station essence dans un état de désuétude devient une archive contemporaine des constructions ouest-africaines.
Des vestiges coloniaux aux paysages redéfinis par l’actualité, l’œuvre de François-Xavier Gbré témoigne d’une mémoire en prise avec le temps et la géographie. Ses recherches sur le territoire, les mutations urbaines et l’évolution des formes dans l’architecture tiennent de l’exploration à la fois esthétique, historique et sociale.
François-Xavier Gbré – Galerie Cécile Fakhoury, Stand D8
A Paris Photo 2016
Du 10 au 13 novembre 2016
Grand Palais
Paris, France