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Paris : La vérité du portrait, de Florence Gruère

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« Le portrait est un face-à-face, une lutte féconde, un rapport humain, un consentement.
Pour Jacques Lacan, il y a les bons heurts (bonheurs) et les mauvais heurts (malheurs). Une bonne photographie est le résultat d’un bon heurt.
Florence Gruère voit autre chose sur les visages : les pensées, les rêves, les peines, les joies, en un mot les âmes. Par la lumière extérieure elle montre la lumière intérieure. Il y a de la gaité, de la tristesse, du doute, de l’affectif dans les portraits de Florence — bref, de l’humanité. » — Claude Gallot.

L’exposition réunit une quarantaine de portraits des photographes qui ont marqué l’histoire de la photographie au XXe siècle ainsi que quelques artistes pour lesquels Florence Gruère a une tendresse particulière. Citons pêle-mêle Doisneau, Man Ray, Kertesz, Brassai, Lucien Clergue, Lartigue, Bill Brandt, Lawrence Durrell, Ansel Adams, Edouard Boubat, Peggy Guggenheim, etc.

Florence Gruère réalise elle-même ses tirages à la gomme bichromatée sur du papier Aquarelle Velin d’Arche. Cette technique plus que centenaire (découverte par M. Poitevin en 1852 et améliorée par John Pouncy en 1858) confère aux tirages une expressivité plus proche de la vérité intérieure que du réel.

Florence Gruère est née en 1943.
Depuis 1953, à 10 ans, date de sa première photo, (le sabre de son grand père amiral, sur un paillasson.) Florence n’a pas cessé de faire des images fixes et animées.
Chez sa mère, la chanteuse Michèle Arnaud, la petite fille voit passer les plus grands chanteurs : Jacques Brel, Georges Brassens, Léo Férré et tant d’autres. Elle comprend intuitivement qu’elle les connaît mieux en les voyant anxieux dans l’ombre des coulisses que ils sont sur scène.
Sa façon de photographier les êtres est enracinée dans ce ressenti enfantin : les lumineux éclats d’âmes surgissent du noir.
Finalement, c’est en apprenant à tirer les photographies avec Marc Lavrillier* que la vocation s’installe doucement.
Depuis 1990, Florence se consacre exclusivement à la photographie.
Florence Gruère fabrique elle-même son produit photosensible, en mélangeant dans de l’eau (entre 18 et 22 degrés) de la gomme arabique, du bichromate de potasse et des pigments de la couleur choisie.

Les quantités varient selon ses envies. Une fois une pâte obtenue, elle recouvre au pinceau la feuille de papier dessin qu’elle laisse sécher 1 à 2 heures.
Puis, sur cette feuille devenue photosensible, elle pose un négatif au format 30 x 40 qu’elle expose soit à la lumière du jour, soit dans une boîte à lumière à UV.

Le temps de pose peut varier entre 30 sec et 15 mn. Enfin, le papier est lavé à l’eau et l’image apparait. Une fois le papier séché, l’image est inaltérable.
Contrairement aux tirages argentiques ou pigmentaires, on peut mettre les doigts sur l’image sans crainte. Et sa durée de vie est quasi-éternelle.

« Ce sont des images qu’on peut toucher. Elles ont une matière […]. Il n’y en a pas deux pareilles, j’ai beau prendre des notes, je suis incapable d’en tirer deux semblables. C’est à la fois la limite et l’avantage de ce procédé. Moi ça me plaît. Chaque tirage est unique. On n’est jamais sûr de réussir […]. Avant de faire une photo, je sais exactement ce que je voudrais qu’elle soit sur papier. Mais c’est comme si je m’embarquais pour un voyage dont je ne suis jamais sûre de l’issue. Aucun laboratoire ne fait de tirages à la gomme bichromatée, personne ne peut réaliser des tirages comme je les veux. C’est personnel. C’est une aventure, c’est ça qui me plaît. »

*Carol-Marc Lavrillier : photographe, galeriste et éditeur français né en 1933.

EXPOSITION
La vérité du portrait, de Florence Gruère
Jusqu’au 4 avril 2015
Galerie Photo12

10-14, rue des Jardins-Saint-Paul – 15, rue Saint-Paul
(Village Saint-Paul)
75004 Paris

www.galerie-photo12.com
www.florence-gruere.com

 

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