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Paris, Galerie Agathe Gaillard : L’Enfer d’Elizabeth Prouvost

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A l’occasion de la sortie du livre d’artiste d’Elizabeth Prouvost consacré à L’Enfer de Dante aux éditions La Sétérée, la galerie Agathe Gaillard ouvre ses portes à la photographe jusqu’au 22 octobre 2014 : 18 tableaux-photos seront accrochés aux cimaises. Après avoir été inspirée par la Madame Edwarda de Georges Bataille, la Marie-Madeleine de la Bible, les sculptures de Rodin, les naufragés du Radeau de la Méduse de Géricault, Elizabeth Prouvost s’attaque à La Divine Comédie de Dante.

C’est en 1994, alors qu’elle est encore directrice de la photographie dans le cinéma, qu’Elizabeth Prouvost fait sa première exposition à la Galerie Jean-Claude Riedel, intitulée Déligatures.

En 2008, elle arrête le cinéma pour se consacrer exclusivement à la photographie. Depuis son travail n’a cessé de se concentrer sur le corps humain en mouvement, corps toujours (mis à) nu à la recherche d’un paradis perdu, celui de Dieu ou celui du Diable.

C’est dans ces termes qu’Elizabeth Prouvost s’est exprimée dans Les Cahiers Bataille :

Etre égarée dans une sorte de crevasse du temps, est-ce l’immédiateté ? C’est un moment où soudain tout est découverte, tout est décalage. Il n’y a plus de durée, plus de mémoire, je rentre littéralement dans les entrailles du corps, qui est pour quelques instants plus organique, plus sensuel, plus chaud, il y a une force qui s’impose. Je dois installer mon regard dans cet instant-là, intensément, sans fuite. Je deviens la captive de mon appareil photo et je souhaite seulement qu’il capture ce que je ressens. Ce sont dans ces instants de joie fulgurante que tout est à saisir plus fort, plus précis, il ne faut pas les laisser échapper. C’est toujours dans cet ailleurs que la vraie vie commence.

Comme si je tuais l’image en appuyant sur la détente de mon appareil photo, je fais un meurtre par plaisir, volupté de sortir du possible. J’essaie de ne pas brider mes perceptions, de ne pas réduire les possibilités qui s’offrent à moi par une censure du regard. Mon lieu de travail est le lieu de l’insurrection où je cherche l’éclair vif d’une forme de vie ou de mort et aussi un lieu intérieur le plus secret possible. Oui, mon travail photographique est une façon de naître, une lutte à mort. Chaque séance est prémonitoire de la prochaine, c’est une longue chaîne. Capter les formes, ne jamais les connaître, les reconnaître, entrer dans l’impénétrable, toujours à la limite. Toucher à l’extraordinaire, travailler sur l’informe, le chaos. J’espère ne jamais manquer de la force nécessaire à franchir les dernières bornes.

J’attends des gens qu’ils regardent mes photos avec audace, qu’ils s’identifient à ces possibles comme s’ils fouillaient à l’intérieur de leur mémoire, de leurs désirs, qu’ils oublient pour quelques instants l’asservissement de la normalité. Qu’ils sortent de l’ordinaire, de l’enseveli, qu’ils ressentent une sorte de délivrance devant l’imprévisible. J’aimerais qu’ils acceptent de toucher à l’au-delà de l’être limité, à l’immensité.


LIVRE D’ARTISTE
L’Enfer de Dante, d’Elizabeth Prouvost
Editions La Sétérée – Jacques Clerc

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