La galerie Camera Obscura présente deux expositions simultanées « Glas » d’Ingar Krauss et « La ville est un roman » du photographe Alexey Titarenko. L’exposition est visible jusqu’au 26 mars prochain.
La photographie n’est ni réalité pure, ni fiction absolue. Son histoire évolue entre ces extrêmes. Si elle est traditionnellement associée à la représentation du réel, certains artistes l’ont souvent détournée de cette voie ; faisant passer pour vrai ce qui est faux et inversement. L’intention de Titarenko n’est pas de tromper le spectateur des images, mais d’aller au-delà de la vision objective, très au-delà même. Ce qui revient à introduire dans chaque prise de vue une part d’aventure personnelle, à tisser des liens avec un vécu. Quelque chose comme un écran, un filtre, s’interpose donc entre le sujet de l’image et le spectateur de celle-ci, que la photographie soit prise à Saint-Pétersbourg, Venise, La Havane ou même New York. Quelque chose qui correspond à la présence récurrente de l’auteur et se double d’une manière particulière de concevoir la forme photographique : un style qui imprimerait sa marque sur l’ensemble de l’œuvre. Le style n’est-il pas précisément l’expression combinée d’une expérience humaine et d’une forme ?
Il y a de toute évidence des liens objectifs entre les quatre villes dont il est question dans son dernier livre. Parmi eux, la présence plus ou moins marquée de l’eau dans les lieux photographiés. Ce sont également des villes qui étaient par le passé ouvertes économiquement et culturellement sur le monde : Saint-Pétersbourg tournée vers le nord de l’Europe, Venise vers l’Orient, La Havane vers l’Amérique toute proche, New York vers le continent européen dans son ensemble. Des villes fortement imprégnées d’histoire. Certaines n’ont cessé de se renouveler, d’autres se sont figées et apparaissent aujourd’hui comme de vieilles dames en sommeil, usées par les blessures de l’histoire. Quel que soit leur destin, la majesté de leurs sites et de leurs architectures s’impose, ainsi que le patrimoine humain et artistique qu’elles abritent.
Cette majesté, on la perçoit dans les images de Titarenko, mais là n’est pas le motif majeur de son travail. C’est davantage l’instauration d’un climat qui s’impose, l’esquisse d’un récit, voire l’évocation d’une tragédie. La ville est un décor, celui d’un roman passé ou à venir. Chaque image est un moment qui dure : des mouvements viennent s’imprimer dans son espace. La photographie de Titarenko ne se réduit pas à cette capture de l’instant, comme on a souvent l’habitude de la définir. Le photographe combine également différentes sources et zones de lumière, et les tonalités de ses tirages – qui tutoient la couleur – en traduisent les nuances. Il ne faut pas manquer de relever le fait que le travail qui s’opère dans son laboratoire à partir du négatif ne se répète jamais deux fois de la même manière : le tirage est aussi unique que l’est la prise de vue.
Gabriel Bauret
Extrait du texte d’introduction à l’ouvrage « La ville est un roman » d’Alexey Titarenko, paru aux éditions Damiani, 2015.
EXPOSITION
La ville est un roman
Alexey Titarenko
A voir également : Glas d’Ingar Krauss
Du 11 février au 26 mars 2016
La Galerie Camera Obscura
268, boulevard Raspail
75014 Paris
France
Mardi à vendredi : 12h – 19h / Samedi : 11h – 19h
http://www.galeriecameraobscura.fr
http://www.alexeytitarenko.com
LIVRE
The City is a Novel
Alexey Titarenko
Damiani Editore
Signature du livre le 3 mars 2016 de 17h à 20h
208 pages
147 photographies
ISBN: 9788862084147
66€