Dans l’hémisphère sud de notre planète Terre il existe une espèce assez commune d’oiseau migrateur qui se propage si vite que seulement une ruse de la nature sauvegardes d’une fin de cauchemardesque horrible. Année après année, ils assombrissent le ciel au-dessus du continent africain occidental où ils se rassemblent pour leur passage à travers l’océan vers un autre continent. Seulement un dixième d’entre eux terminent la traversée. Quatre-vingt dix pour cent tombent morts d’épuisement au milieu de la mer au point où la science suppose qu’il y a des des millions d’années la grande masse terrestre s’est divisée en deux continents distincts.
Les oiseaux commencent frénétiquement à voler en rond, cherchant leur terre où elle n’existe plus. Leur instinct préservé pendant des millions d’années les guidant vers leur mort par épuisement.
Seuls les plus insensibles atteignent le rivage.
Cette série n’est pas exactement une série, mais plutôt un mélange de moments partagés avec des femmes dans différents endroits dans le monde entier, des femmes qui vivent de la danse et de leur corps. Femmes qui volent à la recherche de la liberté, de leur destin, qui se battent près du sol et au mouvement de leur corps, dans un flux continu qui leur fait faire le tour du monde. Une nouvelle espèce d’oiseau migrateur qui traverse les mers et les océans avant d’arriver sur la terre ferme; certaines restent sur une île, peut-être en Espagne, à Ibiza pour une durée indéterminée, d’autres voyagent jusqu’à Reno, aux États-Unis, dans un voyage qui les emmène de Madrid à une rue qui ne peut être nommée que désillusion.
Siwah est aussi ou peut-être avant tout l’histoire d’une femme itinérante, oiseau migrateur, volant à la recherche d’une terre qui n’existe plus, se transformant en corps et coutumes des autres femmes. Dans ce cas, les femmes qui travaillent à moitié et vivent à moitié dans une salle de danse arabe clandestine,
semblable à un bordel. Un lieu de rencontre, et aussi un sex-shop de luxe sur une île, car, comme nous le savons, les îles sont un bon point d’arrêt pour les oiseaux lors d’un vol court; une autre moitié cache un lieu de rencontre. Dans ces deux endroits, et dans beaucoup d’autres (Reno, Mexico…), il existe diverses rencontres, rencontres entre personnes, entre regards, rencontres de coïncidences en voyage.
Façons de regarder, de vivre et de voir le monde et de chercher comment suivre le vol de ces femmes, la photographe et les danseuses se sont réunies à un moment donné. Juste pour recharger et récupérer, prendre des photos, danser des danses éternelles et continuer le voyage qui nous ramène au même endroit: une destination en nous-mêmes où seules les plus insensibles arrivent.
Rosa Olivares
