La galerie new-yorkaise Hasted Kraeutler présente sa nouvelle exposition, The Dream Goes Over the Time, qui comprend de nouvelles photographies de l’artiste français basé à Madrid Pierre Gonnord. Travaillant depuis plus d’une décennie en tant que documentariste prééminent de l’art contemporain de la sombre face cachée de la mondialisation — les communautés insulaire, les tribus et les clans qui existent presque entièrement en marge, des mineurs et punks aux immigrés et gitans —, la pratique distincte du maître portraitiste s’est développée en style de vie, l’emmenant dans des voyages épiques sur des routes cachées et des terrains inexplorés à la recherche de personnages qui vivent dans des groupes sociaux distincts, coupés du reste de la civilisation.
« Les gens des ghettos, de la périphérie de la ville, qui fuient un monde mondialisé d’où ils se sentent rejetés… ils s’embarquent avec rien de plus que ce qu’ils ont sur leur dos et un chien comme unique compagnon de voyage, ils s’embarquent dans un Grand Tour comme des nomades, sans billet de retour, tournant le dos à un certain monde qui ne les intéresse plus. » — Pierre Gonnord.
Après avoir investi beaucoup de temps et d’énergie avec ces communautés, Gonnord prend leur photo, capturant ses protagonistes sur des fonds sombres à partir de la ceinture, à la manière de la peinture et des portraits des Vieux Maîtres. Il les cadre comme des sujets royaux : souvent, ils font directement face à l’appareil photo et rencontrent son regard avec une puissance brûlante. Pour beaucoup, l’image de l’artiste est la première et unique photographie d’eux qui existe – ses archives, par conséquent, opèrent comme une sorte de rituel documentaire sanctifié, canonisant des gens et des modes de vie qui disparaissent rapidement de la face de la planète. Dans un monde contemporain saturé de technologie qui favorise l’autopromotion par-dessus tout — à travers les selfies, Twitter, Instagram et d’innombrables autres plateformes de médias sociaux — Gonnord donne une voix et un visage à des populations qui sinon risquent l’invisibilité et l’absence de cyber-pages d’histoire, ou semblent même ne jamais avoir existé.
The Dream Goes Over The Time, qui prolonge la célébration de Gonnord des populations et des styles de vie qui sont en péril, emprunte son nom à une forme d’art similairement en danger : la poésie, dans ce cas un poème du renommé poète espagnol Federico Garcia Lorca. Le rêve traverse le temps, dit le poème, flottant comme un bateau à voiles — suggérant à la fois la fragilité et la résistante. La série de Gonnord, justement, présente des images saisissantes qui s’envolent, d’une force et d’une beauté immenses. Photographiés dans des poses et des positions qui leur sont naturelles — des femmes tenant leur enfant, des femmes âgées enveloppées traditionnellement dans d’épaisses bandes de tissu noir —, les sujets de l’artiste parlent au royaume personnel et au royaume collectif, établissant un équilibre délicat entre la documentation culturelle et le portrait individuel. Ils ne sont jamais rendus exotiques, mais ils sont à la place présentés comme étant extraordinaires, réels et crus. De manière similaire, la suite d’images d’animaux capture des chevaux racés et argentés qui brillent à la lumière. Eux aussi font partie de la biodiversité en baisse de notre monde ; eux aussi sont immortalisés par le flash de l’appareil photo de Gonnord.
EXPOSITION
The Dream Goes Over Time Mar
de Pierre Gonnord
Jusqu’au 25 avril 2015
Hasted Kraeutler
537 West 24th Street
New York, NY 10011
USA
