The Automaton of Venice est une immersion dans l’Italie fasciste des années 40. A travers une jolie histoire toutefois. Celle d’un horloger juif, qui dans le ghetto de Venise en 1943, l’une des périodes les plus noires de l’occupation nazie, s’est fait un ami assez particulier. Dans la ville qui l’a vu naitre et grandir, l’homme a construit de toutes pièces un automate destiné à lui tenir compagnie pendant ces jours de désolation. En attendant la déportation.
Paolo Ventura a eu vent de cette chronique de guerre dans son enfance. Il a aujourd’hui imaginé l’histoire de ces deux personnages à travers la photographie. Dans son studio, l’artiste a recréé l’environnement brumeux en miniature et y a posé des modèles et un tas d’objets précis, eux aussi en taille réduite. Le résultat est pictural.
Ses photos retracent l’histoire complète en mettant en scène l’horloger surplombant Venise d’un toit, traversant les ponts au dessus des canaux, posant en habit d’époque. Elles exploitent la maquette pour faire resurgir le temps : la cour jonchée d’objets vraisemblablement abandonné par des juifs extirpés de leurs maison, la devanture du magasin est poussiéreuse et l’intérieur de l’atelier fait vivre en détail le quotidien de l’homme. Au milieu d’outils, de livres ou de pendules trône le buste du robot anthropomorphique, levant le bras droit comme pour demander un service. Celui de Paolo Ventura est de restituer la mémoire de l’artisan, son amitié d’un jour devenant éternelle. Ce fut une affaire de temps.
Jonas Cuénin
Paolo Ventura, The Automaton of Venice
Jusqu’au 15 octobre 2011
Hasted Kraeutler Gallery
537 West 24th Street
New York, NY 10011
T 212 627 0006
