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New York: Atget au MoMa

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C’est une nouvelle exposition consacrée au Français Eugène Atget que le MoMA de New York inaugure début février. L’occasion de se repencher sur ses photographies du vieux Paris et d’apprécier son influence sur les surréalistes.

Walker Evans, Lee Friedlander, Berenice Abbott : il est aujourd’hui difficile de dénombrer les photographes qui ont eu pour modèle Eugène Atget, archiviste d’un Paris à l’aube d’une ère moderne. « On se souviendra de lui comme d’un historien de l’urbanisme, a écrit cette dernière, d’un véritable romantique, d’un amoureux de Paris, d’un Balzac de la caméra, dont l’œuvre nous permet de tisser une vaste tapisserie de la civilisation française. » Intitulée Documents pour artistes, en rappel à l’écriteau qui trônait dans son atelier, cette exposition retrace l’œuvre du photographe jusqu’à sa mort en 1927. « Est aujourd’hui présentée une version distillée de l’œuvre d’Atget, explique la conservatrice Sarah Meister. Une coupe transversale réunissant ses plus célèbres photographies dans un contexte particulier. »

Voici plus de trente ans que le MoMA a acquit une collection de cinq mille photographies d’Eugène Atget – la deuxième plus grande au monde – et les utilise dans différentes expositions. Pour autant, une génération s’est écoulée depuis sa dernière introduction au musée il y a vingt cinq ans. Il faut donc chercher la nouveauté dans les six sections que le MoMA propose aujourd’hui d’explorer : Le Ve Arrondissement, Le jardin du Luxembourg, Le Parc de Sceaux, La cour comme structure architecturale, Le peuple de Paris et Substituts et le surréel. « Le public le connaît moins que le cercle de la photographie, dit Sarah Meister, nous allons essayer de le sensibiliser grâce à la centaine d’images exposées ainsi qu’en lui faisant découvrir le procédé qu’il utilisait. Un de ces négatifs sur plaque de verre sera exposé et illuminé par l’arrière. Ce sera très beau. »

Historien pour certains, poète pour d’autres, Eugène Atget nous fait aussi découvrir ici qu’il s’intéressait aux « petits métiers » et aux « petites gens », qu’ils soient chiffonniers, romanichels ou prostituées. « Toujours avec une stratégie picturale qui fait apparaitre ces gens au centre, de façon rigoureuse, analyse Sarah Meister. Dans Documents pour artistes, on verra l’humain, le manichéen et le mannequin, mais il ne faut pas s’y méprendre, seulement 2% du travail d’Atget amène l’Homme dans le cadre. » Révolutionnaire pour sa poursuite de l’articulation entre espace et sujet, Eugène Atget n’en demeure pas moins un photographe de lieux déserts. C’est donc naturellement que l’on retrouvera toutes ces rues, allées de jardin ou clairières boisées qui ont fait sa renommée. Des documents que l’on peut considérer comme extraordinaires pour leur aspect historique mais qui furent un bel appel pour les surréalistes qui lui ont succédés. « La photographie est un médium moderne, Atget a eu cette vision moderne. L’idée d’approcher systématiquement un sujet à travers une multitude de photographies ou d’archives est une pratique qu’Atget a utilisée à bon escient et que nombres de photographes contemporains reproduisent encore aujourd’hui. »

Jonas Cuénin

Augène Atget, Documents pour artistes
Du 6 février au 9 avril 2012 au MoMA de New York
11 West 53 Street
New York, NY 10019

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