C’est à l’Hôtel La Belle Juliette que Nathalie Dallies est venue réaliser son image pour PHPA en novembre 2013. Elle a acompagné sa photographie avec un extrait du Voyage de Charles Baudelaire. Aujourd’hui Nathalie nous raconte son voyage au cœur de cette expérience hôtelière. Nous en profitons pour publier également deux de ses séries personnelles : Kopce et Maria.
Le voyage est à l’image d’une nuit.
Le sommeil, une traversée dans laquelle nous nous abandonnons…
Nous y attend la promesse d’un renouveau du jour suivant, l’aspiration au bonheur, et la réalisation de soi, une féconde obscurité.
Je m’étais fixé comme contrainte de photographier hors de la chambre. Le sous-sol de l’hôtel La Belle Juliette m’offrait un espace en mouvement oscillant par intermittence entre lumière et obscurité.
L’eau, allégorie du sommeil, du rêve en flottaison.
Prendre un bain comme l’on se plonge dans la nuit. Le sommeil, une échappée permise par la vacance de l’âme, l’épuisement, la mélancolie…
Le bain comme métaphore de la renaissance, de ses transformations.
Avant mon arrivée je me suis documentée sur la biographie de Juliette Récamier,
de l’univers de la mode et de la littérature de l’époque, Chateaubriand, Madame de Staël… esprits libres avant-gardistes et élite intellectuelle et artistique en rupture avec l’autoritarisme napoléonien.
Dans l’idée des salons de Madame de Stael et de Juliette (lieux de rencontres et d’échanges artistiques et politiques), j’ai convoqué des amies photographes la nuit du 31 octobre telle une “invocation” à entremêler différentes temporalités.
La durée de la nuit est rythmée d’une alternance entre complicité et ennui des invités; Le voyage est une des dernières prises de vue réalisée.
Après l’épuisement des sujets et des motifs envisagés pour enfin libérer la créativité, une nouvelle image du réel trouvée au fond de l’inconnu s’élance vers l’infini.
Nathalie Dallies
