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Nan Goldin, Scopophilia

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Invitée par Patrice Chéreau, du Louvre, à produire une nouvelle œuvre en relation avec le thème « Les visages et les corps », la photographe américaine Nan Goldin a composé sa première série depuis six ans en jumelant ses photos avec des célèbres peintures et sculptures du musée parisien. Son travail est à voir chez Matthew Marks Gallery jusqu’au 23 décembre.

La scopophilie a été définie par Freud comme l’amour du regard. Un amour que Nan Goldin porte volontiers depuis le début de sa carrière sur ses proches. Pour Scopophilia, l’artiste américaine a donc exploré à nouveau son thème favori en mêlant à des images de peintures et de sculptures du Louvre des photographies inédites de ses amis et de ses amantes. Mises en scène ou captées de façon naturelle, chacune de leurs positions forme une reproduction des œuvres du musée, dans un style photographique qui recherche la pureté. Dans ces cadres à la narration romantique, Goldin s’est attachée à son regard subjectif et personnel, bien qu’inspirée par les coups de pinceaux de maitres de la Renaissance.

Toutes ses photographies ont été réalisées dans l’enceinte du musée, en collaboration avec ce dernier. Mais ce n’est pas le premier travail similaire de l’artiste, qui auparavant avait revisité la relation entre peinture et photographie dans Sœurs, Saintes et Sibylles (2004). Depuis cette exposition à la chapelle de La Salpêtrière, Nan Goldin s’était tue pendant presque six années, abandonnant quasiment toute forme de photographie. Depuis, elle s’est accordée à affirmer dans la presse d’avoir « bouleversé la photographie contemporaine ». Une attitude qui peut se ressentir dans son œuvre, elle parfois controversée. Provoquant chez elle une blessure naturelle que l’on voudra bien comprendre, tant artiste vit de l’avis de son public ou de ses juges.
Il y a pourtant dans Scopophilia une réelle dimension sensuelle et intime.

Cette même intimité que Nan Goldin, comme tout photographe à la sensibilité exacerbée, semble vouloir figer en un clic d’un dixième de secondes. Pour l’éternité d’une existence ou pour celle d’une émotion. Pour surtout enseigner à porter un regard quasi amoureux sur son entourage et à l’entretenir. Ces portraits religieux ou scènes de communion du genre humain résonnent alors comme une histoire simplement émouvante. Copiée, mais à l’aide d’un outil moderne. Pour la proximité.

Jonas Cuénin

Scopophilia, Nan Goldin
Jusqu’au 23 décembre 2011

Matthew Marks Gallery de New York
523 W 24th St New York
NY 10011, États-Unis
(212) 243-0200

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