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Musée Nicéphore Niépce : Sacha

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Depuis 1964, Sacha a construit une œuvre singulière, faite de lumière, d’exigence et de sincérité. Alors qu’elle a confié son fonds photographique au Musée Nicéphore Niépce, cette exposition est sa première rétrospective muséale en France.

Avec sa simplicité, Sacha (née Sacha van Dorssen en 1940 à Rotterdam, Hollande) a su s’imposer comme une photographe de mode singulière, identifiable entre toutes, photographiant pour les magazines les plus prestigieux (Elle, dès 1964, The Sunday Times Magazine, Stern, Vogue UK, Avenue, Le Jardin des Modes, Lui, Vogue Homme, Harper’s Bazaar Italia, GQ, Bloom et surtout Marie-Claire) et répondant à de nombreuses commandes publicitaires (Yves Saint-Laurent, Louis Vuitton, Dim, …).

Marie Claire [de 1977 à 1999, sans discontinuer ou presque, Sacha va publier tous les mois dans le magazine et ses différentes variantes], autant de magazines qui vont faire confiance à la photographe néerlandaise qui s’est vue presque immédiatement confier, dès son arrivée en France en 1964, ses premiers reportages par Peter Knapp, alors directeur artistique de Elle.

Au fil des ans, le soin apporté au cadrage et aux détails, le sens de l’utilisation de la couleur, la maitrise de la lumière et le naturel qui se dégage de ses photographies pourtant très construites imposent Sacha auprès des magazines et de ses commanditaires. Chez elle, les mannequins ne semblent jamais poser, ils sont comme saisis dans leur intimité, une forme d’abandon faisant oublier la présence de la photographe. Le paysage occupe aussi une place essentielle. De façon subtile, Sacha sait combiner mannequins, modèles et décors en jouant avec la lumière extérieure, qu’elle préfère à celle du studio. Il en résulte des photographies douces, des ambiances où le vêtement ne semble pas être le principal sujet.

Lorsqu’en 1966 le magazine Elle publie un portrait de groupe de ses photographes devant l’objectif de Peter Knapp, il faut attendre la seconde photographie pour qu’un des personnages centraux tombant le chapeau se révèle ne pas être un photographe mais une photographe, la jeune Sacha van Dorssen. L’air de rien, en toute discrétion dans un métier où la production est abondante et mixte, Sacha fait partie du cercle restreint des photographes de mode passés à la postérité.

Composé de plusieurs centaines de milliers de diapositives, rangées dans leurs petites boîtes jaunes soigneusement classées par date, et de tous les justificatifs de publication, le fonds photographique de Sacha témoigne d’une activité uniquement tournée vers la photo- graphie de mode. Cette exposition pourrait d’ailleurs être composée exclusivement de couvertures et de doubles pages de magazines tant il y en a eu. Les diapositives constituent une matière première illimitée dans laquelle Sacha puis les journaux ont puisé « les bonnes photographies » destinées à être imprimées. Car dans la mode, l’objet final et abouti reste le magazine, où les photographies sont mises en page et soigneusement légendées.

En effet, la photographie de mode n’existe que pour le magazine et qui mieux que Sacha pour incarner cette chaîne complexe de production d’images de mode. Lorsque l’on lit ou que l’on écoute Sacha, l’expression qui revient le plus souvent est celle de « travail d’équipe ». Lors de chaque séance s’activent des rédacteurs ainsi qu’un ou plusieurs assistants [logistique, éclairage, …], les mannequins, les coiffeurs, les maquilleurs… Avant que la photographe ne puisse s’exprimer, elle doit ronger son frein !

Plusieurs années durant, les assistants de Sacha ont soigneusement documenté les différents voyages pour les magazines en annotant les données techniques nécessaires au développement des films argentiques sur les polaroids de repérage. Sacha a ensuite rassemblé ces informations dans ses cahiers : lieu de prises de vue [pays, ville] et de résidence lorsque le séjour durait plus d’un jour, nom des différentes personnes présentes, celui de ou des mannequins, tickets d’hôtel ou de restaurant. Ce travail de référencement en temps reel est une source formidable pour comprendre le mode de production de ces photographies et son aspect résolument collectif. (…)

(…) Sacha aime à photographier les à-côtés de ses voyages pour la mode et la publicité, posant son regard précis sur des détails inattendus mais toujours parfaitement composés.

C’est dans cet esprit que Sacha est la photographe d’ouvrages dédiés à Mariano Fortuny (2) et Christian Dior (3) pour les Éditions du Regard, qui feront date. Premier livre publié par les Éditions du Regard, celui consacré à Fortuny témoigne la maestria de Sacha pour capter les ambiances [ici celle si singulière qui régnait dans le palazzo Fortuny laissé quasiment en l’état depuis 1965], mettant en avant des détails, écumant inlassablement le palais.

José Alvarez dira : “pour Sacha, rien n’est insignificant” (4) et pour ce faire Sacha s’adapte à la lumière particulière du lieu, elle qui préfère les extérieurs et le soleil. Pour Dior, le jeu est tout autre et ses compositions subtiles s’intègrent aux photographies d’archives qui composent l’ouvrage.

Mode, publicité, reportages, depuis 1964, Sacha a construit une œuvre singulière faite de lumière, d’exigence et de sincérité.

Extrait du texte de Sylvain Besson

 

Sacha
17 février – 19 mai 2024
inauguration vendredi 16 février – 18 h
Musée Nicéphore Niépce
28 quai des messageries
71100 Chalon-sur-Saône
03 85 48 41 98
www.museeniepce.com
www.open-museeniepce.com
www.archivesniepce.com

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