Hermann Landshoff est né en 1905 à Munich, où il grandit dans une famille d’artistes d’origine juive avant de fuir son pays pour s’installer à Paris puis à New York. Comme celle de certains grands artistes du XXe siècle, son œuvre pourtant prolifique a été peu considérée après sa mort du fait de son statut d’exilé et d’un long processus de transfert et de traitement de ses archives.
Depuis deux ans, les choses se sont nettement accélérées. L’éditeur et cousin du photographe, Andreas Lanshoff, a en effet confié en 2012 la totalité des archives contenant 3 600 épreuves originales datées de 1927 à 1970 à la collection photographique du Münchner Stadtmuseum en Allemagne. Le musée présente aujourd’hui une grande rétrospective jusqu’au 21 avril 2014 et une monographie de près de 300 images a simultanément été publiée par Schirmer/Mosel. L’exposition et le livre dévoilent les trois principaux pans du travail de Hermann Landshoff : les photographies de mode, d’architecture et les portraits.
Les séries réalisées par Hermann Landshoff pour la mode sont réjouissantes ! Les mannequins posaient sur les toits de Paris ou sur les ponts de New York mais aussi à la plage, au zoo ou à bicyclette. Le photographe s’amusait à mettre en scène des situations quotidiennes avec beaucoup d’humour et créa ainsi des images très séduisantes.
Il travailla à partir de 1936 à Paris pour Vogue France puis Femina en 1938. La suite de sa carrière se fit à New York où il collabora avec les directeurs artistiques Alexey Brodovitch (1898-1971) pour Harper’s Bazaar et Junior Bazaar, et Bradbury Thomson (1911-1995) pour le magazine Mademoiselle. Pour ce dernier, il réalisa des couvertures en couleur particulièrement créatives du milieu des années 1940 à la fin des années 1950.
Un autre aspect primordial du travail de Hermann Landshoff est la prise de très nombreux portraits d’artistes et de scientifiques sur quarante ans. À New York, il faisait partie du cercle des artistes ayant fui leur pays pour des raisons politiques et s’étant rassemblés sous les auspices de Peggy Guggenheim. Il mit en scène ses amis du mouvement surréaliste, dont Marcel Duchamp, Piet Mondrian, André Breton, Fernand Léger, Max Ernst et Leonora Carrington dans la maison de la collectionneuse avec ses œuvres en toile de fond. Il se prit également au jeu de photographier des artistes plasticiens dans leur propre atelier, les faisant interagir avec leurs propres œuvres (Alexander Calder, Eva Hesse…).
Au fil des années il recomposa aussi sa famille, celle des photographes, en rassemblant 70 portraits environ : Arnold Newman, Robert Frank, Berenice Abbott, Edward Steichen, Erwin Blumenfeld, Cecil Beaton, Irving Penn, Wegee, André Kertész, Walker Evans, pour n’en citer que dix… Un véritable cadeau pour l’histoire de la photographie. Sans oublier le tout jeune Richard Avedon, qu’il photographia en 1948 et qui dira plus tard : « I owe everything to Landshoff. »
Exposition :
Hermann Landshoff – A Retrospective : Photographs 1930-1970
Jusqu’au 21 avril 2014
Münchner Stadtmuseum
St.-Jakobs-Platz
1
80331 München
Allemagne
http://www.muenchner-stadtmuseum.de
Livre :
Hermann Landshoff – Portrait Mode Architektur – Retrospektive 1930–1970
aux éditions Schirmer/Mosel Verlag
par Ulrich Pohlmann et Andreas Landshoff.
Textes de Martin Elste, Esther Ruelfs, Ivo Kranzfelder (Allemand).
280 pages, 317 photographies.
26 x 30.5 cm, couverture rigide.
ISBN 978-3-8296-0652-3
58 €
http://www.schirmer-mosel.com