Rechercher un article

Moscou: Sergey Sonin & Elena Samorodova

Preview

Pour cette exposition en noir et blanc, la galerie Pobeda invite une subdivision à part de la scène contemporaine russe. Celle, controversée, animée par leur chef de file Alexeï Belyaïev-Guintovt, qui aime flirter avec les courants les plus conservateurs de la société russe.

L’exposition se consacre à de bizarres rituels imaginaires de demi-Dieux, êtres hybrides à corps humain et à tête d’animaux. Les deux auteurs formant aussi connus comme le groupe « Plomb et Cobalt », soit Sergey Sonin et Elena Samorodova, sont des artistes contemporains travaillant de préférence avec la photo et la video. Les clichés accrochés sur les murs de la galerie Pobeda sont de formats très divers, allant du mural aux séries de 20x20cm disposés en carrés de 20 clichés. Des photos soigneusement prises, mais ne présentant pas de qualités intrinsèques extraordinaires des points de vue techniques ou photographiques. Sur les clichés, on observe le plus souvent un « personnage » posant, dans un cadre naturel, et dans une « situation » plus ou moins énigmatique.

S’agit-il de rituels, de moments mythiques ? Pas vraiment. Selon les auteurs, les personnages représentés ont des « totems vivants », faisant partie d’une « hallucination mythologique nationale-romantique ». Allez donc imaginer de quoi il s’agit. Sonin qualifie son style de « guerrilla photorealism », bien qu’il n’y ai ni la moindre agression ni le plus petit élément de réalisme dans ces clichés. Connaissant le goût prononcé pour la dérision du groupe Plomb et Cobalt (tous deux sont originaires de Saint-Pétersbourg), il faut prendre avec beaucoup de recul tous leurs commentaires. En dépit du nom de l’exposition (« Meute égyptienne, première partie »), il n’y a rigoureusement rien d’égyptien dans les clichés. On voit ci et là des Runes, cet alphabet nordique dont la contre-culture « néo païenne » est très friande. Sans doute que les auteurs sont férus de la musique de Death In June, Current 93 et de cette bande britannique friande de masques inquiétants. Mais l’exposition ne raconte pas d’histoire. Il n’y a pas la moindre narration dans l’exposition, et ni de rapports évidents avec la mythologie slave. Ce qu’on trouve, c’est une trace – peu visible, il est vrai – d’humour, une moitié de la faune des forêts russes et une bonne dose de fétichisme. Bien souvent, les personnages sont vêtus de la tête au pieds en cuir noir, l’uniforme des artistes non-conformistes de Saint-Pétersbourg. Sergey Sonin précise que sous les masques, il a fait poser quelques uns des ses amis et associés, dont le peintre Alexeï Belyaïev-Guintovt et le réalisateur Konstantin Mourzenko. C’est une habitude depuis 30 ans, dans les souterrains artistiques de cette ville, que de travestir ses amis proches dans des accoutrements improbables pour les éterniser sur la pellicule. Feu Timour Novikov, le grand prêtre du « Nouvel Académisme » et inspirateur de toute l’avant-garde Russe, avait été l’auteur d’une inoubliable série, récemment exhumée par le Fonds Ekaterina, une autre galerie d’art moscovite. Sonin et Samorodova vont plus loin, cependant. N’essaient-il pas en douce de créer leur propre mythologie, afin de se transformer eux-mêmes en mythes ?

Emmanuel G

Egyptian Pack, Part One
Sergey Sonin & Elena Samorodova
Jusqu’au 29 février 2012

Galerie Pobeda
Moscow, Bolotnaya emb. 3 b. 4
Gallery open hours: 1-8 pm, Tuesday-Saturday
phone: +7 495 644 03 13

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android